CBC #14 : Antonin Delfino, le méticuleux
CMO Ornikar - Révolutionner la formation au permis de conduire
Chère lectrice, cher lecteur bonjour !
14ème édition aujourd’hui de C’est bon ça, la newsletter qui t’envoie que du bon autour du (growth) marketing 🤟
Avant de commencer, je tenais à vous souhaiter à toutes et à tous une très belle année 2021 que j’espère pleine de succès pour vous !
Cette semaine, j’ai échangé avec Antonin Delfino, le CMO d’Ornikar, l’auto-école en ligne qui révolutionne la formation au permis de conduire.
Pourquoi devez-vous lire cette édition ?
En plus d’être une brute du marketing, Antonin est l’incarnation parfaite du marketeur d’aujourd’hui. Je l’ai rencontré lors de mon premier stage de césure en 2017. Je n’étais pas dans son équipe (#bizdev) mais qu’est-ce que j’aurais aimé ! J’étais dans le même bureau que lui et j’ai été bluffé par sa rigueur et l’approche très analytique de ses stratégies marketing. Il a été très inspirant pour moi et il a confirmé mon envie d’évoluer dans ce secteur.
Ornikar est une start-up iconique de l’écosystème français en pleine expansion. Ils ont été les premiers à s’attaquer à l’examen le plus passé (et le plus détesté!) de France chaque année : le permis de conduire.
Cette semaine, on revient sur l’histoire de Megaupload et de son fantasque fondateur Kim Schmitz. Une bien belle histoire, assurément.
Si tu lis cette édition sans être inscrit·e, il n’est pas trop tard, bien au contraire !
Allez, c’est parti ! 🔥
💌 Présentation de l’invité
Il est tombé dans la marmite quand il était petit
🌞 Antonin est originaire de Marseille, ville de skateboard (coucou Yohann Libot), de foot (🤢) et ville de passionné·es surtout.
🌐 Comme tous les collégiens de son âge, Antonin a dû faire un stage obligatoire d’une semaine en classe de 3ème pour découvrir le monde de l’entreprise. Il passe la semaine entière avec son père qui gère alors une entreprise de référencement web. Bien plus que le monde de l’entreprise, il y découvre le monde du web et une passion.
✍️ Au lycée, cette passion ne le lâche pas. Il a envie d’approfondir ses compétences en référencement. Il crée un blog sur l’une de ses passions, le vin. Il n’a aucune compétence de code alors il apprend les bases. Ce n’est pas parfait mais cela lui permet de rentrer dans le domaine du web et de se poser les premières questions clés du marketeur : comment faire venir les gens sur mon site ? Comment mesurer ce trafic ? Comment le monétiser ?
🍷 Ce blog lui permet d’apprendre à vitesse grand V sous l'œil bienveillant de son père qui le guide. Et les résultats ne tardent pas à payer puisqu’il se positionne rapidement dans les 3 premiers résultats de recherche sur le mot-clé “vin” avec son blog.
📺 L’appétit vient en mangeant et il décide de lancer un autre site, un petit Megaupload. Il récupère des vidéos, les héberge sur des serveurs et les met en accès libre sur son site en streaming. Le succès est immédiat et en deux semaines, 30 000 visiteurs viennent quotidiennement sur son site. Il le ferme rapidement car les besoins en serveurs pour répondre à la demande sont colossaux, et aussi parce que c’est *légèrement* illégal. Il a simplement laissé une publicité sur le site, visible malgré sa fermeture. Cette publicité lui a permis de réaliser plusieurs milliers d’euros de bénéfices car la popularité de son site était telle que les internautes continuaient de venir sur son site grâce au bouche-à-oreille ou pour vérifier qu’il n’avait pas rouvert. #filou
Megaupload : un site web, créé en 2005 par Kim Dotcom et fermé le 19 janvier 2012 par la justice des États-Unis, qui propose un service d'hébergement de fichiers en un clic. On en revient plus en détails dans l’histoire de la semaine.
Les études, choix délicat
🏫 À la fin du lycée, il s’oriente par défaut en classes préparatoires Math Sup Math Spé au lycée Thiers, à Marseille. Il se rend vite compte de son erreur mais se force à terminer l’année scolaire. Son souhait : retourner dès que possible dans le web.
🎒 Nous sommes en 2010 et peu de formations existent alors. Il se résout à quitter son Sud natal pour aller étudier à HETIC dont les locaux sont basés à Montreuil. Il arrive directement en deuxième année et il se sent comme un poisson dans l’eau. Cette formation l’aide à formaliser les compétences qu’il a développées en autodidacte et lui donne une bonne compréhension du web dans sa globalité.
🤹🏻. Il se rend compte que ce qu’il aime, c’est gérer toute la traction d’une entreprise, c’est-à-dire développer la croissance en transformant les visiteurs en clients. Pour cela, il sait qu’il doit développer 3 compétences clés :
Maîtriser la partie data, à la fois d’un point de vue de la récupération et de l’analyse des données des potentiels clients.
Maîtriser le référencement naturel (SEO).
Maîtriser un levier d’acquisition en ligne.
📅 Il choisit son premier stage en conséquence : une agence de webmarketing, 1ère Position, en tant que SEO consultant de juillet à septembre 2012. Il est missionné sur 7 ou 8 projets différents, traitant de plein de problématiques différentes et pas uniquement de SEO. En 3 mois là-bas, sa courbe d’apprentissage est impressionnante.
💽 Pour son deuxième stage, il souhaite progresser sur la partie technique de la data. Il fait donc un stage de juin à septembre 2013 chez 55, une agence webmarketing spécialisée dans l’analyse et le traitement de la donnée.
Son arrivée dans le monde du travail
💰 Grâce à ses études, ses projets personnels et ses stages, il a développé de solides compétences marketing qui font de lui un profil opérationnel et efficace. Il est en position de force dans sa recherche d’alternance qu’il signe à la FNAC en tant que Online Acquisition Assistant. Après avoir travaillé uniquement au sein d’agences webmarketing, il est désormais chez l’annonceur, ce qui est très formateur. Cependant, il se rend vite compte de l’inertie d’une grosse boîte comme la FNAC. Il anticipe la fin de son alternance et part chez LeLynx.fr, un comparateur d'assurances en septembre 2014.
🐯 L’ambiance de travail, avec des équipes plus petites et agiles, lui convient beaucoup mieux. Surtout que Lelynx.fr est adossé à un grand groupe (Admiral Group), ce qui lui permet de gérer d'importants budgets pour mettre en place ses stratégies marketing. Il arrive en tant que SEO manager sur une création de poste. Il progresse (très) vite et un an et demi après son arrivée chez LeLynx.fr, il gère toute l’acquisition en ligne, soit une équipe de 3 personnes et des budgets de plusieurs millions d’euros à seulement 25 ans. S’il a connu quelques difficultés à tout gérer au début, il s’est vite adapté et tout est allé comme sur des roulettes par la suite.
Ornikar, le début d’une histoire d’amour
🏎️ C’est alors que Benjamin Gaignault, le fondateur d’Ornikar, le contacte sur LinkedIn. Ils sont à la recherche d’un CMO qui les rejoindrait au tout début de leur aventure entrepreneuriale. C’est le challenge parfait pour Antonin : voilà l’opportunité de construire la stratégie marketing d’une start-up prometteuse en partant de 0, et surtout de réaliser ce qui lui a toujours plu : créer de la traction en multi-leviers, c’est-à-dire avec les différents canaux d’acquisition qu’il maîtrise. Nous sommes alors en septembre 2016 et Antonin rejoint Ornikar comme CMO.
Traction : c’est le moment où la start-up dépasse le cadre du cercle amical et commence à intéresser des étrangers, la presse et les influenceurs grâce au bouche-à-oreille. Un mouvement se met en place et permet d’attirer beaucoup plus facilement les clients ce qui “tracte” les résultats de la start-up.
🚀 Aujourd’hui, plus de 4 ans après son arrivée, Antonin a grandi avec Ornikar. Il gère une quinzaine de personnes dans son équipe, des budgets de plusieurs millions d’euros. il a aussi dû appréhender de nouvelles problématiques marketing comme le lancement de campagnes télévisées ou l’expansion internationale d’Ornikar.
📦 Présentation d’Ornikar
Constat initial : Le permis conduire est l’examen le plus passé en France chaque année, devant le baccalauréat. C’est un passage obligé et un moment important de la vie d’un jeune adulte. Pourtant, l’expérience est terrible et l’insatisfaction totale : trop cher, trop long, trop contraignant.
Produit : Fort de cette insatisfaction, Ornikar a créé deux produits avec un seul objectif, celui de rendre l’examen du permis de conduire moins cher et son apprentissage plus agréable :
Une formation au code de la route totalement en ligne : Tout ça pour le prix de 29,90 € contre 300 € dans les auto-écoles traditionnelles.
Une place de marché de mise en relation candidats et moniteurs indépendants : c’est la vraie innovation d’Ornikar. Les candidats peuvent réserver des créneaux avec les moniteurs indépendants d’Ornikar 24h/24h, 7j/7 et ce partout sur le territoire. Le tout avec un prix en moyenne 35 % moins cher que celui des auto-écoles traditionnelles.
Modèle d’affaire : 3 flux de revenus :
La vente de l’accès à leur outil SAAS de formation au code de la route : entièrement développée en interne, la marge sur chaque vente est de 100 %.
Une commission sur la vente d’heures de conduite.
La vente d’assurance automobile jeune conducteur. L’objectif ici est d’augmenter la LTV de chaque client. C’est un produit développé récemment mais qui comporte déjà plus d’un millier d’assurés. Je n’en dis pas plus, vous en saurez plus la semaine prochaine…. #spoiler.
Vision à long terme : S’imposer comme le leader de l’accès à la mobilité dans le monde. D’abord par une uniformisation de l’apprentissage (formation), et ensuite par un accès à la mobilité (vente de véhicules, produits d’assurance…). Ils ont cependant besoin d’arriver sur une certaine taille de marché avant de s’imposer sur le secteur de la mobilité au sens large. Cela passera peut-être aussi par le financement, qui reste le 1er frein au passage du permis de conduire.
Quelques chiffres :
130 employés.
400 000 nouveaux clients en 2020.
1,8 millions de clients en cumulés.
45 millions de chiffre d’affaires malgré la crise sanitaire et l’arrêt de l’activité pendant plus de 2 mois. Ils sont rentables selon les périodes, mais ce n’est pas la priorité aujourd’hui, ils veulent plutôt acheter de la croissance.
Une dernière levée de 35 millions d’euros en juin 2019.
Leur prochain défi : L’expansion internationale, notamment en Espagne, et le développement de leur offre d’assurance auto.
Ornikar et la COVID-19 ?
Cela a été difficile au départ. 70 % du chiffre d’affaires d’Ornikar vient de la conduite et la communication des autorités a été chaotique lors du premier confinement. Les moniteurs indépendants ne savaient pas s’ils pouvaient continuer à exercer. Ornikar a alors décidé de fermer la conduite, de recourir au chômage partiel tout en maintenant les salaires et de préparer la reprise afin d’attaquer fort.
Cependant, cette crise a été une formidable opportunité marketing qu’Antonin a parfaitement saisi. Le réflexe de la plupart des annonceurs a été de geler les investissements marketing. 70/80 % des annonceurs ont arrêté de communiquer via la télévision par exemple. Or, les gens n’ont jamais eu autant de temps disponible pendant ce confinement.
Ornikar est donc parti en télévision et a continué à investir en ligne. Le coût média a été divisé par deux pendant cette période avec une cible qui consommait encore plus de média qu’avant. Le retour sur investissement des ces dépenses média a été énorme, de l’ordre de 50 à 60% supérieur pendant les mois de confinement avec un CAC qui n’a pas augmenté. Lors du deuxième confinement, l’opportunité a été beaucoup plus faible.
CAC : Customer Acquisition Cost, coût d’acquisition du client. Il représente le coût moyen nécessaire à l’acquisition d’un client.
Ils recrutent ? Oui, en masse même ! 9 personnes côté marketing, dont un·e Online Acquisition Manager ou trois Chef·fes de projet CRM dont un stage, un(e) Responsable Partenariats… Plus d’informations ici.
🎙️ L’interview d’Antonin
Le growth marketing & toi
Pourquoi est-ce que tu t’éclates dans le marketing ?
Mon goût du challenge. Ce que je trouve grisant, c’est de résoudre un problème et réussir à faire 30 ou 40% de croissance grâce à l’impact business que tu peux avoir en trouvant un nouveau levier, un nouveau hack.
Ce qui m’éclate aussi chez Ornikar, c’est que tu peux avoir un impact sociétal grâce au marketing. Le permis conduire est l’examen le plus passé en France. C’est très important pour un jeune, et j’ai envie qu’ils aient le réflexe de le passer avec Ornikar afin de mieux apprendre et de leur faciliter l'accessibilité au permis.
C’est quoi du bon marketing pour toi ?
C’est d’arriver à vendre son produit à un niveau de rentabilité donnée, à l’échelle. Faire du cash et avoir un impact sur le cash total généré.
C’est bien d’avoir une belle image de marque, une bonne communication, de faire des hacks... Mais le bon marketing se juge sur les résultats. Non pas sur le nombre de ventes faites ou ton CAC mais sur le fait de combiner les deux : arriver à faire du volume tout en maintenant un CAC bas.
Quelle a été ta plus belle réussite marketing ? Ton pire échec ?
J’ai deux très belles réussites chez Ornikar.
La première, c’est la partie Social Ads, sur Facebook notamment. J’ai réussi à trouver une recette qui a permis de faire énormément de traction pendant un long moment. Comme Ornikar propose un service nouveau, il faut venir avec des arguments très forts pour séduire le client. Clairement, notre avantage se situe sur le prix. C’est l’argument-massue sur lequel on s’est positionné. On a cherché à positionner Ornikar comme l’acteur qui révolutionne le marché, une alternative positive à quelque chose de chiant tout en étant 10x moins cher.
On s’est servi des premiers reportages télévisés de TF1 ou M6 pour asseoir notre crédibilité en faisant des montages de ces reportages que l’on a ensuite mis en avant avec les Social Ads.
Avec un bon ciblage et un pilotage aux petits oignons, les résultats ont été incroyables. On a commencé à 3 000 euros de dépenses pour terminer avec plus de 80 000 € avec un ROI qui s’est amélioré au fil du temps. La croissance a été multipliée par deux en termes de clients d’un mois à l’autre. En 8 mois, on a multiplié par 10 notre volume de nouveaux candidats mensuels, de 1 000 à 10 000 candidats.
Mon autre grosse réussite chez Ornikar est la publicité télévisée. J’avais vu chez Lelynx l’impact incroyable de ce levier. Les résultats ont été excellents ! Nous avons réussi à faire une forte traction tout en étant rentables et en construisant notre marque. Il s’est avéré que la télévision a été plus ROIste que les leviers traditionnels !
2 chiffres pour illustrer ce succès. On mesure la notoriété d’une marque à travers les requêtes de marque sur les moteurs de recherche. Elle était assez stable dans le temps pour Ornikar mais la semaine où nous sommes partis en télévision, les requêtes de marques ont été multipliées par deux. Et derrière, ce sont des gens qui deviennent captifs et que tu ne paies plus pour les acquérir. Deuxième chiffre, on a fait 80 % de croissance d’un mois sur l’autre contre 10 % le mois d’avant. Nous sommes passés de 10 000 nouveaux clients mensuels à 18 000 tout en étant rentables.
Tes prochains défis ?
Ils sont nombreux ! En plus de continuer à augmenter le nombre de nouveaux clients et le nombre d’heures de conduite vendues, il va falloir lancer de nouveaux pays et développer la vente de produits assurantiels.
Au niveau de la France, c’est le marché avec la concurrence la plus forte. Notre objectif va être de créer une vraie préférence de marque, que les candidats choisissent Ornikar car c’est la meilleure solution. On va la créer d’abord par le produit, et ensuite par la marque.
Enfin, en ce qui concerne les lancements des nouveaux pays, il va falloir reproduire la même croissance que celle que nous avons faite en France, avec un lancement en Espagne pour commencer.
Formation & éducation
Continues-tu à te former ? Si oui, comment t'organises-tu ?
Je n’ai pas de temps consacré à la formation aujourd’hui.
Comment je m’y prends alors ? En discutant avec mes pairs. Si j’ai une problématique spécifique, je regarde les personnes qui sont bonnes là-dedans et je vais les contacter. Je vais privilégier des discussions informelles en face-à-face, autour d’un café ou d’un déjeuner. C’est à mon sens le meilleur moyen de se former en continu car il n’existe pas de contenu théorique.
Sinon, je fais aussi de la veille sur Twitter.
Comment fais-tu pour te tenir informé des dernières actualités en marketing ?
Twitter encore. J’ai ma liste de personnes que je suis et ces dernières partagent énormément. Beaucoup de ces personnes viennent du SEO et de l'acquisition.
Quel est ton livre marketing préféré et pourquoi ?
Je ne lis pas beaucoup de bouquins marketing. Je privilégie les podcasts. J’ai suivi notamment les conseils de Miracle Morning, et lorsque tu appliques certains enseignements dans la réalité, tu peux faire pas mal de choses. Par exemple, j’ai décidé d’aller au boulot à pied, avec un podcast dans les oreilles. Quand tu arrives au travail, tu es oxygéné et tu as eu plein de nouvelles informations grâce au podcast.
Je lis beaucoup plus de bouquins de développement personnel, comme la 25ème heure. Pour les podcasts, c’est très centré autour du growth ou de l’entrepreneuriat comme Growth Makers ou GDIY, un format long mais qui aborde plein de problématiques différentes.
Quelles sont les "compétences dures" indispensables pour réussir en growth marketing ?
Tout d’abord, il faut maîtriser les termes et les concepts d'acquisition. C’est la base. Par exemple, le CPM qui baisse et le CPC qui monte, qu’est-ce que ça signifie ? Quels sont les liens entre les différentes métriques ?
Ensuite, une fois que tu as compris les arcanes de l’acquisition et que tu as cette base, tu dois l’appliquer à 1 ou 2 leviers phares : search et/ou social ads.
Enfin, maîtriser les web analytics & tracking : il faut savoir analyser tout ce qui est fait, comprendre comment les données sont récoltées, si les données sont fiables…
Quelles sont les 3 "compétences molles" indispensables pour réussir en growth marketing ?
La première, il faut être passionné·e : c’est la compétence numéro 1 avant toutes les autres. Si tu fais quelque chose qui te passionne, ton niveau d’investissement est beaucoup plus fort. Tu as un supplément d'âme qui fait que tu vas progresser beaucoup plus vite.
Être analytique : c’est indispensable. Il faut comprendre les chiffres et savoir faire des calculs de tête. Je demande des cas chiffrés sans calculette en entretiens, des calculs simples mais c’est révélateur. C’est une compétence indispensable pour ces métiers.
Être curieux·se : tester plein de choses en permanence.
Être humble : il y a toujours des gens bien meilleurs que toi. Il faut tester sans a priori et garder en tête que si ça marche, ça peut vite redescendre.
Ma question préférée : Compte tenu de ton expérience et de tes connaissances actuelles, qu'est-ce que tu dirais à un élève de terminale qui souhaite travailler en growth marketing et qui veut se former de la meilleure manière possible ?
Commence à faire par toi-même. Tu prends sujet qui te passionne et tu crées un site. Il y a tellement de ressources partout. Ce que j’ai vécu, c’est ce qu’il y a de plus formateur. Tu apprends en faisant, le plus tôt possible.
En parallèle, je conseillerai de choisir une formation qui est en adéquation avec ça. Quelle sera la formation dans laquelle tu seras épanoui et dans laquelle tu vas apprendre et faire ? Est-ce que les intervenants sont des professeurs ou des professionnels qui évoluent au quotidien dans le milieu ? Je conseillerais également de faire une formation 360, pas trop spécialisée, qui combine des cours de développement, de design, de webmarketing. C’est ce qui te permettra d’arriver beaucoup plus rapidement à développer un profil complet.
Enfin, de choisir avec précaution tes expériences professionnelles. Vise des agences webmarketing au début, des agences qui ont bonne presse et dans lesquelles tu vas beaucoup apprendre : ce sera de gros horaires, tu seras payé·e au lance-pierre mais c’est très formateur. Une fois que tu as fait 2 ou 3 agences, tu vises une start-up très jeune où tu vas mettre les mains des cambouis et apprendre énormément.
Carrière
Comment as-tu construit ta carrière ? Avais-tu un plan ou pas du tout ?
Je vous renvoie à la partie Présentation de l’invité où Antonin revient en détail sur la manière dont il a construit son parcours.
Comment expliquerais-tu ton succès en growth marketing chez Ornikar?
3 raisons principales :
Un produit que tu peux vendre. Si le produit est incroyable, ton rôle est de juste faire en sorte que les futurs clients le sachent et d’avancer les bons arguments.
L’environnement. Les fondateurs m’ont fait une totale confiance et ont un très haut niveau d’ambition.
Le fait d’être dans un environnement centré autour de la donnée, que j’ai apporté mais que les autres autour de moi ont contribué aussi à créer. On mesure tout en permanence.
Qu'est-ce que tu regardes en 1er sur le CV d'un candidat ? Qu'est-ce que tu recherches en priorité chez un potentiel candidat ?
Pour les CV, je regarde en priorité les profils qui viennent d’agences webmarketing ou qui ont fait des passages en agence. La courbe d’apprentissage est beaucoup plus rapide. Les meilleurs profils sont ceux qui sont devenus team leader en agence en 1 ou 2 ans. Ce sont eux que je vais chercher en priorité.
Ensuite, je repère ceux qui mettent leurs réalisations dans leurs expériences, qui sont orienté data et ROIste.
Après, pour les entretiens, je vais tout de suite poser une question discriminante afin de savoir si le candidat est analytique, comprendre son raisonnement. Ensuite, je vais regarder si c’est un doer, sa gestion opérationnelle sur des interfaces. Je vais aussi rechercher le fit, vérifier si le candidat est humble et ambitieux et s’il a été bon dans ses missions. Je vais lui poser des questions très précises afin de voir s’il a pris du recul sur ce qu’il a fait.
🔦 La belle histoire de la semaine
Antonin a créé un petit Megaupload, c’est l’occasion de se pencher sur l’une des plus belles success-story (selon les points de vue) d’Internet.
Un peu d’histoire…
L'histoire de Megaupload est indissociable de son fantasque fondateur, Kim Schmitz aussi connu sous le nom de Kim Dotcom.
Je ne vais pas vous faire toute la vie de Kim Schmitz car je pense que cela pourrait être le sujet d’une biographie de 4 tomes. Je vais essayer d’aller à l’essentiel Si vous voulez plus d’informations sur Kim Schmitz, n’hésitez pas à vous rendre sur sa page Wikipédia.
Kim est né dans la ville portuaire de Kiel, au Nord de l’Allemagne en 1974. Son enfance est difficile. Il vit dans la peur de son père alcoolique qui bat sa mère et le maltraite. Cependant, cette épreuve “le rend plus fort” selon ses dires et façonne sa personnalité bravache et effrontée.
À 11 ans, il se passionne pour l’informatique et commence à bidouiller quelque peu. Il hacke des jeux vidéos, qu’il revend ensuite à ses amis. Intelligent, curieux et ne craignant pas l’autorité, il commence vers ses 15 ans à pirater les données de sociétés américaines, puis met en place un système d’escroquerie en utilisant des cartes de téléphones volées. Il amassera près de 75 000 Deutsche Mark, soit un peu moins de 200 000 dollars en valeur aujourd’hui et fera son premier détour par la case prison pour ce forfait pendant 1 mois en 1993, à 19 ans.
Son passage en prison lui confère une notoriété grandissante auprès de sa communauté et du grand public. Il en profite pour cofonder à sa sortie de prison une entreprise de sécurité informatique, Data Protect. Les médias s'intéressent de plus en plus à ce jeune hacker à la corpulence immense, présenté comme le gros génie qui s’est joué des plus grandes entreprises et qui en retour le payent grassement afin qu’il les conseille sur la sécurité de leurs systèmes informatiques.
La naissance du personnage
Kim Schmitz n’a même pas 25 ans lorsqu’il revend 80 % des parts de Data Protect pour plusieurs millions d'euros. Il est riche, connu et présenté partout comme un “génie”. Obsédé par son image, il souhaite s’imposer comme la figure inspirationnelle d’une génération entière à la manière d’un Steve Jobs ou d’un Bill Gates.
Il se construit alors un personnage. Toujours de noir vêtu, il multiplie les frasques extravagantes afin de prouver son succès. Il souhaite pousser les jeunes à agir et à suivre son exemple. Il communique activement sur son blog où il exhibe toutes ses voitures de sport, se vante d’avoir fait fructifier sa holding valorisée alors à 200 millions de dollars et engage même une équipe de cinéma pour produire un road movie sur ses vacances à Monaco entre virées en yachts, hôtels luxueux, soirées avec des tops models…
Mais malgré les apparences, Kim Schmitz ne boit pas, ni ne se drogue. Sa seule addiction : la vitesse. Il participe à de nombreuses courses et s’avère être un pilote doué. Il a notamment remporté le rallye Gumball 3000 en 2001, un rallye sur réseau routier de 5000 kilomètres à travers l’Europe, l’Asie et les États-Unis au volant de sa Brabus EV12 Megacar à 450 000 dollars.
La naissance de Megaupload, une ode à la sérendipité
En 2004, il décide de créer son propre rallye automobile, l’Ultimate Rallye. “Un Gumball 3000 sous stéroïdes” selon ses dires. Afin de promouvoir ses talents de pilote et susciter l’intérêt pour sa course, il souhaite envoyer des vidéos de ses exploits en voiture par email. Problème : les vidéos sont trop lourdes pour les serveurs et les emails ne s’envoient pas.
Il invente alors un procédé très simple qu’il appelle Megaupload : une fois que l'utilisateur a sélectionné un fichier sur son ordinateur et clique sur le bouton "télécharger", Megaupload.com reproduit le fichier sur au moins un serveur informatique qu'il contrôle et fournit à l'utilisateur qui souhaite télécharger ce fichier un lien URL unique qui permet à toute personne ayant ce lien de télécharger le fichier.
De son propre aveu, c’était une petite idée qui ne devait pas aller plus loin que ça. Il utilise cette technologie pour promouvoir son Ultimate Rally et offre une récompense de 5 000 $ à celui qui postera la meilleure vidéo de course de rue. Et la greffe prend immédiatement. Les amateurs de courses auto téléchargent leurs meilleures vidéos et les partagent avec leurs amis. Mesdames, messieurs, l’ancêtre de Youtube, Dropbox, Netflix et Spotify réunis est né.
L’adoption est massive et ils doivent repousser sans cesse les limites de leurs serveurs. Il comprend alors l’opportunité qui se présente à lui, surtout avec les tailles de plus en plus volumineuses des vidéos avec l’arrivée de la HD. Aux oubliettes l’Ultimate Rally, place nette au cloud et à Megaupload désormais.
Voilà l’occasion de redorer son blason tâché par ses récents démêlés judiciaires et de l’installer enfin comme le génie de son époque. Entre-temps, il se renomme kim.com (Kim Dotcom), du nom de son site personnel afin de renforcer sa marque personnelle. Je vous conseille de cliquer sur ce lien pour mieux saisir la personnalité du bonhomme en question.
Fini de se limiter aux seules courses de voitures. Kim Dotcom souhaite partager tout ce qui peut se partager, de la pornographie au contenu distribué sous licence. Grâce à Megaupload, les utilisateurs pouvaient télécharger et stocker des données en toute sécurité, et accéder aux données depuis n'importe quel endroit via Internet. Son business model est simple : un modèle freemium et de la publicité.
Pour générer du buzz et attirer les annonceurs, il leur fallait un volume et un trafic importants. Pour y parvenir, ils devaient avoir le plus de contenu possible afin d’attirer ce trafic. Ils ont alors mis en place un système ingénieux : des récompenses à tous ceux qui publiaient sur Megaupload un contenu populaire. C’est-à-dire qu’à chaque fois qu’un contenu était téléchargé sur Megaupload par un internaute, Megaupload récompensait l’auteur du contenu. Des récompenses s’ajoutaient si le contenu était consommé dans son intégralité par l’internaute. Les récompenses allaient de l’accès gratuit à Megaupload Premium pour 1 mois à des sommes pouvant atteindre les 10 000 euros par mois.
Pour quels résultats ?
4,9 milliards de visiteurs en 2011.
50 millions de visiteurs par jour à son plus haut soit 4% du trafic internet mondial, 180 millions d’inscrits au total.
+150 employés.
Un revenu estimé à 175 millions de dollars par an, 25 millions de dollars via la publicité et 150 millions de dollars via les abonnements Premium.
Une vidéo où Kanye West, Will.i.am, P. Diddy, Jamie Foxx ou encore Kim Kardashian chantent à la gloire de Megaupload. Elle est téléchargée par Kim Dotcom sur Youtube en décembre 2011.
Une fermeture administrative le 19 janvier 2012 sur ordre du département de la justice américaine.
Le lendemain, l’arrestation spectaculaire de Kim Dotcom depuis son magnifique manoir par les forces spéciales néo-zélandaises à l’initiative du FBI.
Bonus : le lien de son dernier tube, “Good Life”. À voir.
🌚 Des nouvelles des ancien·nes invité·es
Yoann Lopez revient sur son année 2020 et la création de sa newsletter Snowball. Il partage tout : ses chiffres, son travail quotidien, ses plans pour 2021. Je vous conseille de la lire, c’est très inspirant !
🏄 Alors, c’est bon ça ou c’est pas bon ça ?
Petite question, de 1 à 10, quelle note donnerais-tu à cette édition ?
Répands la bonne nouvelle autour de toi en cliquant ci-dessous si tu as apprécié cette édition 👇
Si tu veux (re)lire les 3 éditions précédentes, tout est là :
Au plaisir de te lire 🤙
C’est bon ça !
Jean