CBC #16 - Alexandre Caizergues, l'exploit au service de l'innovation
CEO @Syroco, laboratoire d'innovation qui aide le transport maritime à réduire son empreinte carbone
Chère lectrice, cher lecteur bonjour !
16ème édition aujourd’hui de C’est bon ça, la newsletter qui t’envoie que du bon autour du (growth) marketing 🤟
Aparté
Cher tous,
Vous n’êtes pas sans savoir qu’écrire une newsletter est chronophage, surtout quand on a le goût du travail bien fait. Et qu’écrire une newsletter gratuite ne rapporte pas encore de pépettes. Je n’ai pas assez d’abonnés pour ça, ni une envie particulière de me faire sponsoriser.
Je commence tout doucement une activité qui a pour objectif d’aider les jeunes étudiant·es en marketing à trouver le bon stage en développant les bonnes compétences et le bon état d’esprit. Les premiers signaux sont prometteurs, et j’aimerais accélérer sur ce projet qui me permettrait, à terme, de me rémunérer.
L’écriture hebdomadaire de cette newsletter m’empêche d’avancer à un bon rythme sur ce projet. Cela fait déjà 2 semaines que j’aurais dû lancer la V1 du site, et ce n’est toujours pas le cas.
J’ai donc pris la décision, que certain·es qualifieront de radicale, de publier la newsletter toutes les deux semaines désormais. Même jour, même horaire. Mais toutes les 2 semaines.
Si ça vous brise le coeur, ou alors que vous voulez me remonter une information, votre avis, vos conseils, je suis toujours preneur et dispo à cette adresse : jean@cestbonca.co. Ou alors répondez à ce mail, ça marche aussi.
En attendant, régalez vous sur cette édition. J’ai pris un pied immense à l’écrire et échanger avec Alexandre, un super sportif aux commandes d’une super boîte avec de super ambitions. Bref, une super édition.
Bisous et à dans deux semaines 👋
Retournons à nos moutons. Pour cette édition, je reçois Alexandre Caizergues, CEO de Syroco et kitesurfeur professionnel.
Pourquoi devez-vous lire cette édition ?
Alexandre est un kitesurfeur-entrepreneur de haut niveau. 4 fois champion du monde de vitesse en kitesurf, il détient aussi le record du monde de vitesse en kitesurf. Tout ça en créant 4 entreprises tout au long de sa carrière.
Il déborde d’ambition. Avec Syroco, son dernier bébé, il veut rendre le transport maritime plus neutre en émission de CO2 grâce à l’innovation. Et battre le record absolu de vitesse à la voile en 2022.
Nerdy Nuts. Comment une petite marque de beurre de cacahuètes a multiplié ses ventes par 62 en moins de 6 mois ? Réponse plus bas. Un vrai cas d’école marketing.
Si tu lis cette édition sans être inscrit·e, il n’est pas trop tard, bien au contraire !
Allez, c’est parti ! 🔥
💌 Présentation d’Alexandre
Les études
👨🎓 Nous sommes en 1997. Alexandre vient de décrocher son baccalauréat et il commence ses études par un DUT Techniques de commercialisation à l'IUT d’Avignon. Un choix un petit peu par défaut, car il ne sait pas vraiment ce qu'il a envie de faire, si ce n'est qu'il a un penchant pour le commerce et le marketing. Il visait le programme CeseMed, l'école de commerce post-bac de KEDGE Marseille, mais "son niveau pourri" en anglais au bac l'empêche de l’intégrer.
🇬🇧 Va donc pour l'IUT Tech de Co pendant 2 ans. Il a toujours le CeseMed en tête et part ensuite 1 an en Angleterre pour apprendre l'anglais.
🏫 À son retour, il intègre enfin le CeseMed en admission parallèle, spécialité marketing. Une super formation, un peu trop théorique à son goût mais qui lui apprend à développer et entretenir un super réseau.
La découverte du kitesurf
🏄♂️ C'est à peu près à cette époque qu'il se découvre une passion pour le kitesurf. À la sortie de ses études, il n'y a qu'un souhait en tête : travailler dans le milieu du kite. Il commence alors un métier de commercial sédentaire pour une centrale d'achat en matériel de kitesurf à Marseille, le groupe H2O.
👔 Commercial sédentaire car il passe la journée derrière son ordinateur à acheter du super matériel de kitesurf et à le tester le soir à la sortie du boulot vers 18 heures. C'est le bonheur. Il arrive à combiner le travail avec sa passion, ce qui est l'un de ses objectifs de vie. Il passe pas mal de temps dans l'eau, jusqu'à 4 heures tous les soirs pendant les jours d'été et progresse très vite.
🔥 En avril 2005, il participe à sa première compétition de vitesse en kitesurf où il termine 12ème. C'est le déclic qu'il attendait. Il chope le virus de la compétition qui ne le lâchera jamais.
🤩 L'opportunité de quitter son travail se présente et nous assistons aux prémices de la professionnalisation de cette jeune discipline. Ni une, ni deux, il décide de se consacrer à 100% au kitesurf pour vivre de sa passion.
Le professionnel
🏆 Ce choix s'avère très vite payant. Dès 2006, il est vice-champion du monde de vitesse, et en 2007, c'est le Graal : il décroche le titre de champion du monde.
💰 À partir de là, il arrive à fédérer une équipe autour de lui et à attirer des sponsors qui associent leur marque à ses résultats sportifs. Le kitesurf devient professionnel, et il crée alors sa première société pour commercialiser son image.
🏆 🏆 Il arrive réellement à vivre du kitesurf à partir de 2008, année de son deuxième titre de champion du monde de vitesse. Cette même année, il bat son premier record du monde de vitesse à la voile sur 500 m avec une moyenne de 50,57 nœuds (environ 93 km/h).
🏆 🏆 🏆 En 2009, il est de nouveau champion du monde de vitesse. En 2010, il devient le premier homme au monde à franchir le mur des 100 km/h sur l'eau avec un engin à voile. Son chrono est officiellement homologué à 54,10 nœuds, soit 100,19 km/h. Il améliorera encore par deux fois son propre record, en 2013 et en 2017 pour un dernier record à 107,3 km/h sur la base du Salt & Speed en Camargue.
🏆 🏆 🏆 🏆 2017 est décidément une année faste puisqu'il devient champion du monde de vitesse en kitesurf pour la 4ème fois.
L'entrepreneur
⭐ En parallèle de sa carrière de sportif, Alexandre a lancé ou a été impliqué dans plusieurs projets entrepreneuriaux. Il a participé au lancement d'un téléski nautique dans la région marseillaise, le TNX Cable Park, ainsi qu'au lancement d'une coque de téléphone premium orientée outdoor, Allroad. Malheureusement, ce dernier projet a finalement échoué l'année dernière, notamment à cause de la COVID-19.
🤝 Depuis 2015, il est le directeur sportif du Galion Project, une association française d'entrepreneurs du web. Il les emmène ponctuellement faire du kitesurf dans les plus beaux spots du monde. Côtoyer ces entrepreneurs lors des camps est une source d'idées et de mentoring magique pour lui. C'est d'ailleurs là-bas qu'il trouve deux des futurs associés de son projet entrepreneurial.
😤 Car un ressentiment taraude Alexandre depuis trop longtemps. En 2012, il se fait déposséder de son record du monde de vitesse absolu à la voile par le Vestas Sailrocket 2 de Paul Larsen, qui tape les 65,45 nœuds soit près de 121 km/h. Depuis, il n'est plus "que" recordman de vitesse en kitesurf, et non plus “toutes catégories à la voile”. Pour un grand compétiteur comme lui, c'est difficile à accepter.
🚀 Alors il prend le taureau par les cornes. En 2019, après 14 années de compétition fructueuses, il met un peu sa carrière de kitesurfer entre parenthèses pour lancer Syroco. Un objectif prioritaire : pulvériser ce record du monde de vitesse à la voile et atteindre les 150 km/h, en toute humilité 😉
📦 Présentation de Syroco
Constat : La hausse des échanges commerciaux maritimes à l'échelle mondiale nécessite de recourir à l'innovation technologique afin de réduire l'empreinte carbone du transport maritime.
Produit : Syroco est un laboratoire de recherche qui développe des innovations technologiques durables à destination du transport maritime grâce à des exploits pionniers. Ce sont des défis sportifs inscrits dans une fenêtre temporelle volontairement courte qui ont pour objectif de catalyser l'innovation technologique. Ces exploits pionniers sont définis en amont par l'équipe de Syroco selon les moyens disponibles et l'exploitation possible des innovations technologiques développées dans le cadre de l'exploit pionnier.
L'exploit pionnier #1 : Le développement d'un "speed craft" propulsé par le vent capable d'atteindre la vitesse de 150 km/h sur l'eau, et qui doit pulvériser le record actuel de 121 km/h. Alexandre sera aux commandes de l'engin avec un·e copilote dont le nom sera annoncé prochainement. Le première tentative de record du monde est prévue en 2022. Les recherches menées dans le cadre de cet exploit pionnier ont déjà remis en cause certains paradigmes fondamentaux de l'architecture navale. Une image valant mille mots, voici la vidéo de présentation du "speed craft".
Le modèle d'affaires : 3 différentes sources de revenus :
L'exploitation commerciale, sous forme de licence, de la propriété intellectuelle développée au travers des exploits pionniers. C'est le modèle stratégique à long-terme, le Graal étant de co-développer l’innovation avec des partenaires et partager les revenus tirés de cette innovation. Syroco a déjà commercialisé un de ses logiciels développés dans le cadre de l'exploit pionnier #1.
La commercialisation de la plateforme de recherche. Syroco aide ses clients à résoudre leurs problématiques technologiques en mettant son équipe technique à leur service. Par exemple, Syroco a signé un contrat d’innovation avec CGA CGM, le 4ème transporteur mondial. CGA CGM vise la neutralité carbone de sa flotte pour 2050 et a fait appel à Syroco pour l'aider à mettre au point la plateforme qui va concevoir le bateau de demain.
La commercialisation de l’image de Syroco autour des exploits pionniers via des partenariats avec des marques. L'objectif de Syroco est d'agréger les marques et partenaires techniques qui veulent s’engager dans la transition énergétique et l'innovation technologique. Ce sont ces partenariats qui vont financer les exploits pionniers.
Financement : Le coût du projet "Speed Record" est d’environ 6 millions d’euros, que Syroco cherche à lever via le sponsoring sur les 3 ans de la durée du projet.
Les prochains défis : Au printemps 2021, la mise à l’eau du prototype du "speed craft" en version radiocommandé à l'échelle 1:5, c'est-à-dire d’environ 1 mètre de long. Pour des raisons de sécurité, le prototype est piloté à distance. Cela va permettre en particulier de tester tous les systèmes de contrôle. À partir de l’été 2021, la construction et l'assemblage du "speed craft" final doit commencer afin d'être fin prêt début 2022 pour la première tentative de record du monde. Pour 2022 et 2023 est prévu une tournée post-record du monde aux 4 coins du globe et la diffusion d'un documentaire.
Ils recrutent ? Toujours ! Ils recrutent surtout des profils ingénieur : architecture navale, ingénierie aéronautique et des développeurs. Les offres disponibles sont présentées ici. À noter que les candidatures spontanées sont toujours les bienvenues.
🎙️ L’interview
Tu as créé 3 entreprises, tu te lances dans une quatrième avec Syroco. Une question tout simple : Pourquoi l’entrepreneuriat ?
L’entrepreneuriat coulait de source car c'est avant tout un moyen de lier ma passion pour les sports de glisse et la mer à une façon de gagner ma vie. Je lie l’utile à l’agréable et je m’estime hyper chanceux d’arriver à faire de ma passion mon métier. Ce projet avec Syroco me permet de rendre à la mer tout ce qu’elle me donne.
Je n'ai jamais l'impression d'aller travailler. Je vais tous les jours au boulot l'esprit libre et enjoué. Je suis heureux d'aller retrouver mon équipe et de bosser sur tous nos projets plus excitants les uns que les autres.
Comment décides-tu de passer du stade de l’idée à celui de projet ?
Pour moi, c'est avant tout les gens que tu peux agréger autour du projet. Monter des projets seul, c'est bien mais tu as moins de chance de passer de l'idée à la réalisation et in fine que le projet aboutisse.
La première pierre est donc d'assembler des associés. Ensuite, ça s'enchaîne.
J'ai toujours fonctionné comme ça. Par exemple, pour Syroco, j'ai commencé à réfléchir au moyen de créer un engin capable de battre le record de vitesse absolu à la voile. Je commence à en parler autour de moi, je réfléchis à la faisabilité technique. Au cours d'un camp de kitesurf avec le Galion, j'en parle à deux entrepreneurs qui souhaitent se joindre à moi sur ce projet. On réfléchit alors au moyen de rendre ce projet viable économiquement et dans le temps, qu'il aille au-delà du record de vitesse. On a transformé alors une idée d'un projet événementiel/sportif en une vraie entreprise qui a vocation à grandir et gagner de l'argent. Syroco n'aurait jamais existé si je n'avais pas trouvé mes associés aujourd'hui.
En tant que CEO, quelles sont tes missions ?
De part mon passé de sportif et mon rôle de CEO, ma première mission est d'être le porte-parole de Syroco. Je sers de vitrine à l'entreprise quand on communique. Il faut convaincre tout le monde, tout le temps : les investisseurs, les fournisseurs, les clients, les associés et la team...
Ma deuxième mission est de servir d'assistant à tous les experts qui m'entourent. On doit recruter les meilleurs dans chaque domaine et faire en sorte qu'ils aient tout ce qu'il faut pour accomplir leurs missions et servent au mieux le projet global. Je dois donc être capable de comprendre tout ce qu'il se passe, sur tous les sujets. C'est génial, je suis en formation continue. Je deviens un vrai couteau suisse. Je fais aussi bien de la gestion financière ou du marketing que je discute de la mécanique des fluides avec les ingénieurs.
Ce sont mes deux missions principales. Après, j'ai aussi un rôle de “motivateur”, d'interlocuteur principal pour les équipes et de décisionnaire en dernier ressort, sauf pour les orientations stratégiques où nous décidons de concert avec les 5 cofondateurs du projet.
Tu as étudié le marketing pendant tes études. Est-ce que tu en fais encore un peu maintenant que tu es CEO ?
Je ne m’en occupe pas au quotidien. C'est l'un de mes associés, Yves de Montcheuil, qui s'en occupe.
Mais je n'hésite pas à donner mon avis sur ces questions car je m’estime assez expérimenté dans le domaine et que c'est un sujet qui me passionne. Syroco est avant tout une extension de ma carrière de sportif où j’ai géré ma propre marque de kitesurfeur pendant près de 15 ans.
J'ai pu y développer des relations avec les médias, ce qui nous aide aujourd'hui à produire des retombées presse qui sont très bénéfiques pour Syroco.
C’est quoi du bon marketing alors pour Alexandre Caizergues ?
Du bon marketing, c'est avant tout des messages qui servent la communication du projet et à la communauté à laquelle tu parles : les partenaires techniques, les fans du projet … Il faut qu’ils apprennent quelque chose des messages que tu diffuses. La publicité doit servir à faire grandir ton audience. Par exemple, nous sommes les meilleurs car nous développons telle ou telle technologie. Les meilleurs messages marketing sont ceux qui vont communiquer des éléments qui rendent ton auditoire plus intelligent.
Quelle est la place du sport aujourd’hui dans ta vie d’entrepreneur ?
Heureusement, j’arrive à conjuguer les deux. J’arrive encore à y consacrer du temps, à faire de la préparation physique aussi.
Je pratique encore beaucoup le kitesurf sur des événements, des compétitions ou en loisir. Il m'arrive exceptionnellement d'en faire la semaine.
Je continue la compétition, notamment l'ENGIE Kite Tour. J'ai prévu aussi de refaire une tentative de record du monde sur le Salt and Speed, si tout va bien en mars-avril 2021 .. C'était initialement prévu en novembre 2020 mais reporté suite à la situation sanitaire.
J'arrive à pratiquer une quinzaine d’heures par semaine, en comptant le weekend, en plus d’une préparation physique spécifique 2 fois par semaine à l’Institut Saint Martin Sport avec mon coach Ludo.
Est-ce que ton passé de sportif de haut niveau est un avantage aujourd’hui dans ta carrière d’entrepreneur ?
Bien sûr. Il y a beaucoup de similitudes.
Dans l'état d’esprit déjà : la combativité, l'esprit qui ne lâche rien. Tu dois réussir à emmener avec toi des gens au travers d’une passion commune. Comme le sportif de haut niveau qui a toute une équipe autour de lui tourné vers sa réussite, il en va de même pour l'entrepreneur qui a toute une équipe tournée vers la réussite d’un projet. Et toi, tu es obligé d'entraîner cette équipe avec toi, tel le chef d’équipe.
Cela t'aide aussi quand tu as de grosses échéances avec ton entreprise. C'est quasiment la même chose que la préparation d’un sportif pour un événement. Tu as des gammes à faire. Ton 1er pitch de levée de fonds est difficile. Au bout du cinquantième, tu es rodé.
Enfin, le sport t'apprend la résilience. Tout sportif de haut niveau connaît ça : le manque de résultats, les blessures, l’échec… C'est un concept naturel pour le sportif et que j’applique assez facilement au monde de l’entrepreneuriat.
Quel a été l’obstacle le plus difficile à relever et comment tu t’y es pris ?
Je pense que cela a été d’organiser le record de vitesse en France. Jusqu’en 2012, j'avais besoin d'aller en Namibie pour tenter ces records du monde. Cela prenait énormément de temps, il y avait beaucoup de risques, j'étais loin de mes proches, de mon équipe... Je devais tenter de monter cela en France.
Pour ça, il fallait d'abord trouver l’endroit capable d’accueillir un canal de vitesse. Cela nous a pris 2 ans avec mon père, un des piliers qui m’a accompagné tout au long de ma carrière, pour trouver la perle rare au milieu des immenses salins de Salin-de-Giraud. Endroit qui finalement se trouvait juste à une quinzaine de minutes de chez moi, magique !
C'était très difficile car il n'y a plus beaucoup d'endroits en France sur lequel tu peux avoir le droit d'aménager un canal de vitesse de 800 mètres de long et 8 mètres de large. Avec les lois de protection de l'environnement, c’est tout simplement impossible en milieu naturel, ce qui est une bonne chose, on est d’accord. Mais les Salins étant un site industriel, il n’y a eu aucun problème pour “remodeler” la berge d’un de leurs étangs et ainsi trouver celui qui avait l’orientation au vent parfaite.
Et pile l'année où l'on obtient l'autorisation et alors que les travaux s'apprêtent à commencer, je me pète les ligaments croisés antérieurs en avril 2012. Ah là, c'était compliqué. C'est le passage de ma carrière où j'ai eu besoin de faire preuve de la plus grande résilience possible et imaginable. J'ai choisi de ne pas me faire opérer, d'enchaîner un mois de rééducation pour sportifs à Capbreton. En novembre 2012, le canal était creusé, j'ai retrouvé un niveau correct de kitesurf et j'ai pu faire mes premiers runs sur ce canal de vitesse. La satisfaction était énorme. Ce fut une année intense, même si je n'ai pas fait de records en 2012.
La cerise sur le gâteau, ce fut le record du monde en 2013 sur ce même canal. J’avais organisé l’événement avec mon père et toute une équipe de bénévoles, c'était juste fabuleux.
Pour vous rendre compte de la vitesse, voici la vidéo du dernier record du monde d’Alexandre en 2017, à Salin-de-Giraud sur le canal qu’il a aménagé avec son équipe : 107,36 km/h.
Comment expliques-tu ton succès ? Que ça soit à la fois sportif et entrepreneuriat ?
En un mot, la passion. Quand tu es passionné·e, cela décuple les possibilités et les opportunités.
Après, je dirais que c'est aussi ma capacité à m'ouvrir aux autres, d'être capable de discuter avec n’importe qui de la même façon. Je n'ai aucune forme de crainte, je n'ai pas de barrière, peu importe mon interlocuteur.
Ensuite, j'aime bien les gens et écouter ce qu’ils font. Souvent tu vois les entrepreneurs comme des évangélistes, qui vont pitcher leur projet à tout le monde dès qu'ils arrivent dans une soirée. Alors que ce n'est pas ce qu'il faut faire. Il faut plutôt écouter, ça ouvre plus de portes.
Enfin, j'ai confiance en moi. Combiné avec la passion, ça te donne la capacité d'embarquer les gens. Et le regard y fait beaucoup. Si tu as un regard passionné, ça aide. Les gens ont envie d’avoir des étoiles dans les yeux. Quand les projets sont motivants, transmettent de belles valeurs ou racontent de belles histoires, tu embarques les gens.
Mon copain Guillaume Gibault du Slip Français y arrive très bien. Il vend des slips mais il arrive à te faire briller les yeux. Si tu racontes bien l’histoire, et c'est super important d'avoir cette qualité de storyteller, tu vas faire briller les yeux des gens. C'est vraiment entre le savoir-faire et le faire savoir. Si tu as ces capacités, il faut que tu puisses en parler.
Quel serait ton premier conseil à quelqu’un qui veut entreprendre ?
Ne pas avoir peur. Si tu es passionné·e par ton sujet, et que ça peut faire l’objet d’un business, n'aie pas peur d’en parler autour de toi, d’échouer. Continue à parler, à expliquer ce que tu fais, ce qui te passionne, ça finira par payer. Si tu m’avais dit : dans 10 ans, tu vas monter un laboratoire qui va révolutionner le transport maritime, je n'y aurais jamais cru.
Qu’est-ce que tu recherches en priorité chez tes collaborateurs ?
La passion. Pour moi c'est la base. Si tu n'as pas d’étincelles dans les yeux, ça ne marchera pas. Il faut que tu sois passionné·e, et ça peut être par n'importe quoi : les échecs, les tomates, la comptabilité. Il faut que je puisse voir les étoiles dans leurs yeux.
💡 Ce que j’en retiens
Le marketing de l’extraordinaire. Toutes proportions gardées, la stratégie marketing de Syroco ressemble à celle choisie par Elon Musk avec SpaceX. Les exploits pionniers vont générer d’énormes retombées presse qui vont développer la notoriété de Syroco, nourrir son branding et asseoir sa légitimité pour un coût marketing (direct) nul.
Jouer sur ses atouts. La carrière de sportif de haut niveau d’Alexandre lui a permis de développer une notoriété et des compétences spécifiques qu’il met à profit pour fédérer autour de lui une équipe de haut niveau et en être le leader.
Être cool, humble et à l’écoute. Cool dans le sens ne pas se prendre la tête, rester naturel. Cette posture permet à Alexandre d’apprendre et grandir tous les jours tout en imposant une douce autorité naturelle auprès des gens qu’il côtoie.
🔦 La belle histoire de la semaine
Nerdy nuts : passer de 8 000 $ à 500 000 $ de ventes mensuelles de pots de beurre de cacahuètes en moins de 6 mois, mode d'emploi.
Nerdy Nuts est ce que l'on appelle une D2C company, une entreprise qui vend ses produits directement aux consommateurs, sans intermédiaire. Et en août 2020, ses ventes ont atteint les 500 000 $. Monstrueux.
Cette histoire est un cas d'école de marketing. Ouvrez grand vos oreilles et prenez des notes.
Les débuts
Début 2019, Erika et son mari Craig emménagent à Rapid City, dans le Dakota Sud. Alors enceinte de son premier enfant, Erika est à la recherche d'un petit boulot pour s'occuper et arrondir les fins de mois. Alors qu'elle déballe les cartons, elle retombe sur la broyeuse à cacahuètes qu'avait achetée Craig quelques mois plus tôt dans l'espoir de faire son propre beurre de cacahuètes.
Elle a alors l'idée d'en produire et de le vendre sur le marché de producteurs du coin. Craig l'accompagne dans son projet en parallèle de son boulot. À l'été 2019, chaque dimanche, Erika et Craig vont vendre leur production de la semaine sur le marché. Ils en profitent pour récupérer les avis des consommateurs sur leurs deux recettes et les adaptent. Chaque dimanche, la saveur de leurs nouvelles productions de beurre de cacahuètes s'améliore. Le stand Nerdy Nuts commence à se faire une jolie réputation sur le marché. À la fin de l'été, il font jusqu'à 1 000 $ de vente chaque dimanche.
Leçon 1 : construire un produit en fonction des retours des clients.
D'un projet annexe à une activité à temps plein
Les résultats sont excellents pour ce qui est alors un projet annexe pour la famille.
Ils étudient davantage le marché et la concurrence. Beaucoup des concurrents se positionnent sur le segment du "healthy". Il y voient une opportunité de se démarquer. À la manière d'un Ben & Jerry's, Nerdy Nuts sera fun et focalisée sur le goût.
Inspirée par la campagne d'Airbnb qui en 2008 avait vendu des boîtes de céréales aux couleurs des deux candidats à la présidentielle américaine, Erika et Craig décident de faire la même chose en créant 4 nouvelles recettes en fonction des préférences alimentaires des candidats à la présidentielle américaine de 2020 : Joe Biden, Elisabeht Warren, Bernie Sanders & Donald Trump. Ils contactent plus de 200 journalistes afin qu'ils relaient l’information, finalement reprise par Fox Business.
Premier succès marketing : 20 000 $ de ventes en 48 heures.
Pour faire face à la hausse des ventes, ils doivent s'organiser et s'adapter : achat de nouvelles machines, nouveau site internet, nouvelles stratégies de commercialisation, distribution.... Le petit projet devient peu à peu une activité à temps plein.
La logistique de distribution est énorme mais les bénéfices sont importants : en économisant les coûts de distribution qui s'élèvent à environ 30 % du prix final dans le commerce traditionnel, Erika et Craig peuvent proposer un produit moins cher que leurs concurrents tout en ayant de meilleures marges.
Leçon 2 : Maîtriser la distribution permet de mieux choisir ses prix et augmenter ses marges.
Le chiffre d’affaires s'élèvent à 60 000 $ au total pour 2019. Il continue de progresser en 2020 et atteint paisiblement les 8 000 $ en moyenne par mois, et ce malgré la pandémie.
L'explosion
En juin 2020, ils décident de tester les éditions limitées. Cela fonctionne très bien dans le secteur de l'habillement, alors pourquoi pas avec le beurre de cacahuètes ?
Le lancement de 3 nouvelles recettes en édition limitée est prévu sur Intagram avec la participation de 18 influenceurs. Les ventes atteignent les 27 000 $ sur ce mois mais les performances d'Instagram sont décevantes.
Leçon 3 : Copier ce qui fonctionne dans les autres secteurs d’activité.
Ils décident alors de tester TikTok en juillet. Ils contactent 2 influenceurs de plus de 500 000 abonnés avec qui ils partagent 10 % des ventes réalisées grâce à eux. Et là, c'est l'explosion. Le chiffre d'affaires s’envole à 165 000 $ ce mois-ci.
Leçon 4 : TikTok est encore un levier d'influence sous-estimé.
Cette hypercroissance entraîne des problèmes logistiques pour Craig et Erika. Les retards s'accumulent dans les livraisons. Les clients s'énervent.
Ils prennent alors une décision radicale. Les ventes n'auront lieu qu'un jour par semaine, le dimanche, afin de limiter les achats et honorer au mieux les commandes. Ce qui n'était qu'une mesure logistique se révèle être un formidable succès marketing : combinée aux éditions limitées de leurs produits, cette fermeture du site a permis de créer une illusion de la rareté énorme. Les clients patientent chaque dimanche devant leur ordinateur, attendant l’ouverture du site afin de commander leur pot de beurre de cacahuètes préféré. Les commandes étant limitées chaque semaine, le désir de consommation des produits Nerdy Nuts est à son paroxysme, et celles et ceux qui réussissent à en acheter se sentent privilégié·es. Les ventes explosent : 505 000 $ en août 2020.
Leçon 5 : l'illusion de la rareté est un levier marketing très puissant.
Je n’ai pas accès aux derniers chiffres, mais en octobre 2020, ils ont franchi la barre du million de $ de chiffre d’affaires annuel grâce au lancement d’une nouvelle recette pour Halloween, “Cookie & Scream”, qui leur a permis de faire 115 000 $ de chiffre d’affaires en une seule journée.
Pour rappel, ce dernier s’élevait à 60 000 $ pour l’année 2019.
🏄 Alors, c’est bon ça ou c’est pas bon ça ?
Petite question, de 1 à 10, quelle note donnerais-tu à cette édition ?
Répands la bonne nouvelle autour de toi en cliquant ci-dessous si tu as apprécié cette édition 👇
Si tu veux (re)lire les 3 éditions précédentes, tout est là :
Au plaisir de te lire 🤙
À dans deux semaines (le 3 février 2021, un jour après la chandeleur 🥞),
C’est bon ça !
Jean