Salut les chef·fes 👩🍳👨🍳,
20ème édition aujourd’hui, et pour fêter ça, j’ai une excellente nouvelle à vous annoncer : la newsletter s’accompagne désormais d’un podcast !
Vous y retrouverez mon échange brut (quoique légèrement retravaillé pour une écoute plus agréable) avec l’invité. Il est pour le moment disponible sur Spotify & sur Anchor. Il sera disponible sur Apple Podcast et tutti quanti dans les jours à venir.
Le podcast venant compléter la newsletter, cette dernière sera plus succincte, presqu’un résumé de notre échange. Je vous invite à écouter le podcast si vous des réponses plus détaillées aux questions posées.
Si vous lisez cette édition sans être abonné·e, ce qui n’est pas recommandé, abonnez-vous pour les recevoir bien au chaud dans votre boîte mail (1 email / mois).
Le parcours de François
François est belge d’origine. Il a passé les 10 dernières années de sa vie à voyager et travailler autour du monde.
Il est rentré dans le monde du marketing et des start-ups en 2016, après l’abandon de ses études de droit et sciences politiques et son entrée au Wagon, une formation de développement web de 9 semaines.
À la fin de cette formation et fort de ces nouvelles compétences, la magie d’internet opère. Il rencontre virtuellement un entrepreneur français basé en Chine. Les deux accrochent bien, et François décide de le rejoindre afin de l’aider à lancer une nouvelle gamme de produits pour LoneRider, un e-commerce de vente d’équipements haut-de-gamme de moto aventure.
Afin de sourcer les équipements qu’ils vendra sur le site, il parcourt la Chine pendant 6 mois avec un petit sac à dos, fait la foire de Canton et teste même certains équipements au Cambodge.
Travailler auprès de Frédéric, le fondateur de LoneRider et entrepreneur aguerri, lui permet de développer une approche plus rationnelle du monde et lui ouvre son champ des possibles.
Dès lors, il a envie de tracer son propre chemin.
Il lance alors son premier produit, un bot sur instagram qui aide les marques à interagir avec leur communauté. Le projet vivote quelques mois. François décide alors de passer à la vitesse supérieure.
Bot : diminutif de “robot”, petit programme qui réalise une tâche spécifique.
Nous sommes en 2018, et il souhaite se plonger dans l’écosystème start-up parisien pour les 6 prochains mois.
Pour cela, il suit la formation Growth Hacking de Lion. C’est là-bas qu’il entend parler pour la première fois de SpaceFill, une start-up qui vend des prestations de stockage temporaire à des professionnels et des industriels. Ils viennent tout juste de lever 1 million d’euros en amorçage, et ils cherchent à recruter leur 1er employé.
Le hasard fait bien les choses puisque François contacte le CEO sur LinkedIn pile à ce moment-là. 1 mois plus tard, il commence sa mission en tant que Lead Growth (que l’on pourrait traduire par responsable de la croissance) et s’installe à Paris.
La parenthèse de 6 mois durera finalement 2 ans, jusqu’en novembre 2020. Entre-temps, SpaceFill compte désormais 40 collaborateurs et a levé 7 millions d’euros.
Il décide de quitter SpaceFill pour voguer vers d’autres horizons et projets plus personnels.
Son actualité du moment ? Il a lancé début janvier un podcast, The FarmSpot, une conversation avec un ami où ils se partagent chaque semaine les projets entrepreneuriaux qu’ils ont découverts.
Le podcast grandit bien et ils visent les 10,000 abonnés d’ici la fin de l’année.
Sinon, il est en veille et exploration permanente autour de deux grands sujets :
La crypto, un écosystème en plein essor avec des applications infinies.
La passion economy, et la manière dont il peut aider les créateurs de contenus à monétiser leur passion et l’audience qu’ils ont construite autour de leur passion.
🎙️ L’interview (un condensé du podcast)
Pourquoi est-ce que tu t’éclates dans le marketing ?
Dès que j’ai une idée, je peux la tester de façon claire et structurée dans la journée.
Grâce au marketing, je peux vérifier rapidement si mon intuition est bonne ou pas et si je dois persévérer ou passer à autre chose.
Qu’est-ce que du bon marketing pour toi ?
Une réponse un peu bateau mais avoir une empathie réelle et sincère envers tes utilisateurs. Et si possible, arriver à faire un marché, un échange avec eux. Tu donnes quelque chose pour recevoir quelque chose.
Comment est-ce que tu t’y prends alors pour avoir cette empathie ?
J’ai passé toute ma première année chez SpaceFill dans le bureau des commerciaux. J’écoutais toutes leurs conversations avec les clients pour arriver à mieux les comprendre et saisir les remarques anodines qui sont en réalité d’une grande valeur pour l’entreprise.
Après, pour ma deuxième année, une fois tous les canaux d’acquisition sur pilote automatique, et maintenant que j’étais imprégné de la mentalité de nos clients, je suis parti bosser dans le bureau des développeurs et du produit afin de travailler sur les projets de plus long-terme.
Quelle est ta plus belle réussite marketing ?
Je suis très content d’avoir ouvert les 4 canaux d’acquisition chez SpaceFill.
En 2 ans chez SpaceFill, nous sommes passés :
d’une centaine de mots clés sur Adwords à 100 000 mots clés ;
De 0 email envoyé en outbound à des dizaines de milliers d’emails.
Outbound : cibler un groupe de prospects et les contacter directement pour leur proposer une offre commerciale. À l’inverse, l’inboud marketing consiste à créer du contenu et laisser venir les prospects vers l’entreprise.
En plus de cela, j’ai automatisé la prospection sur Linkedin et j’ai bâti toute la stratégie SEO.
Résultat ? Le meilleur chiffre d’affaires mensuel était d’une dizaine de milliers d’euros à mon arrivée. À mon départ, de plusieurs centaines de milliers d’euros.
Comment est-ce que tu as développé tes compétences en marketing ?
J’avais une bonne base sur la partie donnée (récolte, traitement, transfert, analyse) et sur la maîtrise de Facebook Ads.
Cependant, à mon arrivée chez SpaceFill, j’ai dû apprendre le SEO, défricher Adwords et mettre en pratique la connaissance théorique que j’avais sur le cold emailing.
Cold emailing : processus qui consiste à contacter des potentiels clients, souvent qui ne connaissent pas l’entreprise, par email afin de proposer une offre commerciale.
Les fondateurs m’ont fait confiance sur la théorie du signal, c’est-à-dire qu’ils ont vu ce que j’avais déjà réussi à faire et en ont déduit ce que j’étais capable. C’est un pari qui a fonctionné pour les deux parties.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n’y a pas besoin de maîtriser tout de A à Z. Dans tous les domaines, tu peux faire les 10 premières étapes seul·e, ensuite tu améliores au fil du temps et là tu peux déléguer à un expert.
Quelle était ta méthodologie quand tu voulais développer cette compétence ?
Youtube. Il y a des gens sur Youtube qui passent leur temps à expliquer et décomposer tous les sujets. C’est la meilleure université du monde.
C’est exactement ce qu’à fait ma mère pour essayer de me battre au 7 Wonders. Malheureusement, sans succès jusqu’ici mais l’intention est excellente !
Quelles sont les “compétences dures” indispensables selon toi pour réussir en marketing ?
Il y a 3 ans, je t’aurais dit de savoir faire une landing page qui convertit avec un moyen de paiement. Aujourd’hui, je te dirais de maîtriser les outils no-code : Bubble, Adalo. Savoir faire une mini-application avec une mini-expérience utilisateur sur lesquels tu fais des conversions avec un moyen de paiement derrière.
Savoir utiliser les connecteurs API comme Zapier ou Integromat. Ça te permet de savoir comment une donnée passe d’un service à un autre et comment tu peux capitaliser dessus.
Savoir utiliser Google Sheet / Excel. Les potentiels sont infinis quand tu sais faire des formules un peu compliquées dessus.
Savoir utiliser un outil de distribution comme Adwords ou Facebook Ads. Un seul suffit, car une fois que tu as compris la logique avec un, tu sauras utiliser les autres.
Et les “compétences molles” ?
C’est très culturel mais pour moi, ça serait :
Être un digger sur internet, c’est-à-dire savoir faire des recherches, savoir se perdre sur internet de façon utile, être curieux. Le monde des possibles devient alors infini.
Savoir faire preuve d’empathie. Je fais tout ça certes pour la thune mais surtout pour les clients qui utilisent mon service.
Savoir interroger un utilisateur, savoir parler avec lui et devenir son meilleur pote. Si tu n’y arrives pas, change de taff ou change de boîte.
Ma question préférée : Compte tenu de ton expérience et de tes connaissances actuelles, qu'est-ce que tu dirais à ton petit cousin qui veut faire du marketing comme François ? Comment doit-il se former ?
En faisant des projets annexes (side-project) sur des sujets qui t’intéressent, même si ce n’est pas monétisable. C’est le juste milieu qui rassemble toutes les compétences dont tu auras besoin si tu veux poursuivre dans cette voie.
L’objectif ultime : faire 1 € sur internet. C’est un moment qui change ta vie. Tu as réussi à gagner la confiance de quelqu’un que tu ne connais pas.
Sur un CV, qu’est-ce que tu vas chercher en premier ?
Les projets annexes et s’il y a une trace de lui sur internet.
Si le candidat n’en a pas, c'est un très mauvais signe.
J’ai du mal à imaginer quelqu'un qui n’est pas un peu entrepreneur.
L’école, le cursus, le parcours scolaire, je regarde mais c’est un critère parmi d’autres, ce n’est pas le plus impactant.
Qu’est-ce qui va faire la différence entre les candidats en entretien ?
J’aime les candidat·es techniques donc je vais chercher à vérifier cela. Les tests peuvent être très basiques mais c’est important.
J’aime bien les contrarien·nes, pas les béni-oui-oui.
Les candidat·es qui ont l’air sain dans leur tête.
Le reste, c’est des compétences qui s’apprennent.
Comment tu expliques ta réussite en marketing ?
J’apprends très vite.
J’ai une culture internet forte. C’est d’ailleurs un des signaux que je pourrais rechercher chez un candidat·e. Par exemple : est-ce qu’il sait faire un meme ?
Je suis plutôt contrarien.
J’aime bien aller au contact de la réalité et tester des choses.
Et enfin, j’ai eu beaucoup de chance, faut pas se le cacher.
Tu lis des livres marketing ?
Si je peux en recommander un : Make de Pieter Levels. Il nous apprend à lancer un produit sur internet et le vendre sans forcément faire du marketing classique.
🎢 La belle histoire de la semaine
Pour cette édition, j’aimerais vous parler de Derek Sivers.
Derek Sivers est un ancien entrepreneur, aujourd’hui écrivain et conférencier. Il se définit lui-même comme “un monomaniaque introverti, penseur lent qui aime se confronter à des points de vue différents.”
Il est connu pour avoir créé en 1998, seul, par hasard et à partir de rien, CD Baby, une plateforme de vente de CDs en ligne pour les musiciens indépendants. Il l'a revendue en 2008 près de 22 millions de dollars américains.
Il distille aujourd’hui sa sagesse, sa philosophie et son expérience à travers ses bouquins.
J’adore sa vision du monde, de l’entreprise et de la technologie ainsi que la sagesse qui émane de ses livre et réflexions sur son blog. Anything you want est un de mes livres de chevet et je le relis souvent.
Mais revenons à CD Baby et la manière dont il a construit son “baby”.
Un peu de contexte, maestro.
Derek Sivers est américain. Il est né en 1969 en Californie. Dès 14 ans, il en est convaincu : il sera musicien.
Dès lors, aucun répit. Matin, midi, soir, il ne vit que pour la musique. Son rêve : pouvoir vivre de sa passion. Il sort diplômé d’une école de musique, puis fait des concerts à droite, à gauche et participe même à une tournée au Japon. Il arrive à vendre plus de 15 000 copies de ses CDs à ses concerts et finit par créer son propre label de musique afin de produire la musique de ses potes.
Il vit sa vie rêvée de musicien. Son compte bancaire n'est pas très rempli mais n’est jamais vide et il a même pu s’acheter une maison à Woodstock, New York.
Nous sommes en 1997 et Derek Sivers est sur le point de créer par hasard une entreprise qui secouera le secteur de la musique.
Tout commence lorsqu’il souhaite vendre ses CDs en ligne. Internet est doucement en train d’arriver dans nos vies. Mais il n’existe pas d’entreprises qui permettent aux artistes indépendants de vendre leur musique en ligne. Le seul moyen est de signer un contrat de distribution avec une major. Sinon, zézette.
Comme vous pouvez vous en douter, la philosophie de notre homme n’est pas vraiment en adéquation avec celle des majors de musique, dont il considère les activités comme du racket organisé.
Alors, il décide de vendre lui-même ses CDs en ligne.
Cela lui prend un peu de temps avant d’avoir son site internet prêt à vendre ses CDs. Nous sommes en 1997, Paypal et Wordpress n'existent pas et il a dû apprendre à coder pour construire son site.
Il est heureux du résultat, mais plus que tout d’avoir construit son site de A à Z, sans l’aide de personne.
Il réalise alors quelques ventes.
Un jour, alors qu'il parle de son site, un de ses amis lui demande s’il peut vendre ses CDs sur son site.
Il n’avait pas du tout pensé à cette éventualité. Il est un peu décontenancé par la demande mais accepte, pour lui rendre service.
Cela lui prend deux heures de travail pour ajouter les CDs de son pote depuis son site et créer une nouvelle page de paiement.
Puis après, ce sont deux autres amis qui lui demandent s’ils peuvent eux aussi vendre leurs CDs via son site. Puis encore deux autres. Puis trois autres. Et ainsi de suite.
Le basculement
Il hésite mais finit par accepter toutes les demandes qui lui parviennent.
À force de rendre service à ses amis et amis d’amis, cela finit par lui occuper toutes ses journées. Il prend alors conscience qu’il est en train de créer une entreprise malgré lui.
Mais il ne veut pas ! Il vit sa meilleure vie à jouer de la musique et à être payé correctement pour ça.
Alors il prend une décision à l’image du personnage : originale.
Il décide de créer une entreprise pour aider ses amis, mais de tout faire pour qu’elle reste petite afin qu’il ait assez de temps pour continuer paisiblement sa vie de musicien.
Il veut que cette entreprise reste un hobby, SON hobby, avec ses propres règles. Son entreprise sera alors à son image, en harmonie avec ses valeurs.
Dans le monde parfait de Derek Sivers, son distributeur de musique :
le paierait chaque semaine ;
lui partagerait les adresses et noms de tous les acheteurs car ce sont ses fans, pas les clients de son distributeur.
ne le foutrait pas à la porte même s’il ne vendait que 5 CDs dans l’année.
n’accepterait pas le référencement payant car cela est injuste pour les musiciens qui ne peuvent pas se le permettre.
Telle était désormais la mission de Derek Sivers.
Ce sont ces 4 principes qui ont guidé CD Baby depuis sa création et ce sont ces 4 principes que Derek Sivers rabâchait à chaque conférence, à chaque collaborateur, à chaque client, sur son site, partout.
Et ce sont ces 4 règles qui ont fait croître le chiffre d'affaires de CD Baby jusqu'à 4 millions de dollars par mois.
1 fait marketing et une citation m’ont particulièrement marqué dans l’histoire de Derek Sivers.
Le fait marketing
Le business de Derek Sivers a commencé à décoller lorsqu'il a rédigé ce qu'il appelle son "email de confirmation doré".
Dès qu'un client achetait un CD sur son site, il recevait un email de confirmation basique, du type "Votre commande a été expédiée aujourd'hui. Nous vous remercions de votre confiance."
Mais c'était trop formel pour lui. Cela ne collait pas du tout avec sa mission, qui était de donner le sourire au gens. Alors, il s'est posé 20 minutes dans son bureau et a retravaillé son email de confirmation. Voici ce qui en est sorti :
Cet email a littéralement enchanté ses clients. C'était tellement novateur et loufoque que les clients en ont parlé partout autour d'eux. Ce simple email lui a permis de gagner des milliers de nouveaux clients.
2 conclusions :
Ce sont souvent les petits détails qui font que vos clients parlent de votre produit à leur entourage. Ici, l’email est loufoque.
Les gens achètent des émotions. Ils valorisent –et paient souvent plus cher– s’ils se sentent importants, comme le montre cet email.
La citation
“Success comes from persistently improving and inventing, not from persistently doing what's not working.”
Cette citation de Derek m'a marqué car elle s'applique à la perfection au marketing : "Le succès vient de l'amélioration et de l'invention constantes, et non de la persistance à faire ce qui ne fonctionne pas."
Je m’arrête là car sinon je pourrais encore continuer sur 6 pages. Si vous voulez connaître le déroulement de l’histoire puisque je vous ai spoilé la fin, je vous recommande de lire Anything you want qui revient sur son expérience CD Baby. Il est court et se lit en moins d'une heure. Sinon, vous avez aussi son blog.
🏄 Alors, c’est bon ça ou c’est pas bon ça ?
Voilà, c’est la fin de cette 20ème édition, différente des précédentes éditions.
Qu’en-as tu pensé sur une échelle de 1 à 10 ? Tes réponses sont plus que bienvenues 🙏
Si tu aimes cette édition, et qu’elle peut plaire à ta petite cousine qui galère à trouver un stage en marketing, n’hésite pas à lui partager.
Si tu veux (re)lire les 3 éditions précédentes, tout est là :
Au plaisir de te lire 🤙
C’est bon ça !
Jean
Enfin le podcast !! Quelle voix douce et suave !
Il y a plusieurs possibilités d’amélioration. Pq ne pas spliter en plusieurs parties ? Car 60 min ça peut être indigeste, à voir avec les abonnés !
Ou alors pq ne pas faire que l’interview en podcast. À réfléchir pour les prochaines éditions