Chère lectrice, cher lecteur bonjour !
7ème édition aujourd’hui de C’est bon ça !, la newsletter qui t’envoie que du bon autour du (growth) marketing 🤟
Cette semaine, j’ai échangé avec Brian O’Hagan, Growth Lead chez Sorare. Au menu cette semaine : Growth marketing, blockchain et football !
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C’est parti ! 🔥
Pourquoi avoir choisi d’interroger Brian ?
Comme toujours, son parcours. Il a alterné les expériences chez Airbnb, Dataiku et Coinhouse (anciennement la Maison du Bitcoin).
Parce qu’il est le Growth Lead (c’est-à-dire le responsable de la croissance) d’une entreprise qui vient de lever 4 millions d’euros auprès de fonds et d’investisseurs prestigieux comme Xavier Niel. Quand une entreprise lève de l’argent, c’est très souvent pour accélérer sa croissance. Le rôle de Brian va donc être central dans le développement de l’entreprise dans les prochains mois.
Pour la petite anecdote, André Schürrle, champion du monde en 2014 avec l’équipe d’Allemagne, a également participé au tour de table de Sorare.
Parce que je suis fan de football et de blockchain. Sorare est un jeu qui croise Mon Petit Gazon et Panini, le tout hébergé sur une blockchain. J’y reviendrai plus en détails dans la présentation de l’entreprise.
Mais avant ça, qu’est-ce que la blockchain ?
Pour la bonne compréhension des propos de Brian et de ce que propose Sorare, il est indispensable d’avoir une connaissance basique de ce qu’est une blockchain, ou chaîne de blocs en français. La définition que je vous propose ici n’est pas exhaustive mais devrait vous donner suffisamment d’éléments pour comprendre le processus.
Définition
La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle (définition de Blockchain France). Elle contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création.
On peut imaginer une blockchain comme un grand livre comptable public que chacun peut consulter de manière libre et gratuite. Toutes les transactions entre les membres de cette blockchain sont enregistrées sur ce livre comptable. Cependant, il est impossible d’effacer une transaction de ce livre comptable. De même, ce livre est impossible à détruire. À noter qu’il existe une multitude de blockchain, et non pas une seule blockchain.
Pour plus d’informations sur la blockchain et son fonctionnement, je vous invite à lire cet article de Blockchain France.
Les applications de la blockchain sont innombrables : monnaie, santé, assurance, logistique …. Certains parlent même d’une révolution comparable à Internet tant le potentiel est gigantesque.
Bitcoin & Ethereum
Les 2 blockchains les plus connues sont Bitcoin et Ethereum. Présentation (très) rapide :
La blockchain est même née en 2008 avec l’apparition de la monnaie numérique bitcoin. Elle en est l’architecture sous-jacente. Bitcoin est une application de la technologie blockchain à la monnaie : c’est une monnaie numérique décentralisée qui permet de faire des transactions financières sur internet en toute sécurité de pair à pair.
Ethereum est une blockchain qui permet l’écriture de smart contracts.
Un smart contract, où contrat intelligent en français, est un algorithme qui s’exécute si un ensemble de conditions préalablement définies sont rassemblées. C’est une surcouche au fonctionnement de la blockchain qui permet d’utiliser ses propriétés pour développer des cas d’usages.
Pour simplifier, on peut définir Ethereum comme une sorte d’ordinateur mondial sur lequel chacun peut écrire un contrat. Ce contrat est accessible partout dans le monde et n’est légiféré par aucune autorité de contrôle. Pour faire tourner et interagir ces applications entre elles, il faut utiliser le jeton de la blockchain Ethereum, appelé Ether.
L’Ether est l’unité de compte de la blockchain Ethereum. Il est utilisé comme moyen de paiement lors de la réalisation des contrats intelligents. Pour faire une analogie, l’Ether est au smart contract ce que le pétrole est à la voiture, à savoir le combustible nécessaire à son fonctionnement.
Exemple
La SNCF accepte le paiement des billets de train en jeton Ether. Si le paiement du billet de train à la SNCF se fait en jeton Ether, alors la SNCF peut intégrer à l’achat de ce billet un smart contract qui prévoit un remboursement de 20 % du prix total payé par l’utilisateur si le retard pour ce trajet excède 1 heure. En cas de retard supérieur à 1 heure, alors le smart contract sera automatiquement exécuté et le client sera remboursé directement en jeton Ether. Finies les démarches administratives interminables pour se faire rembourser.
Aujourd’hui, Ethereum est la deuxième plus importante monnaie cryptographique décentralisée derrière le Bitcoin avec une capitalisation supérieure à 37 milliards d'euros en novembre 2020. Le prix du jeton Ether s’échange aux alentours de 376€ à l’heure où j’écris ces lignes.
💌 Présentation de Brian
Sa formation académique
💱 Brian a étudié l’économie de 2010 à 2014 à l’université Trinity à Dublin. Il découvre le bitcoin pendant un cours sur l’étude des monnaies. Son intérêt pour le bitcoin s’accroît alors qu’il écoute un podcast de Wences Casares, un serial entrepreneur argentin, fondateur de Xapo notamment, une application de portefeuille Bitcoin. Dans ce podcast, Wences Casares parlait du Bitcoin sous un prisme monétaire, plus particulièrement de son utilité pour les populations des pays émergents en tant que réserve de valeur afin de se protéger des politiques monétaires fluctuantes de leurs gouvernements.
💕 C’est alors le début d’une grande histoire d’amour entre la technologie blockchain, les crypto-monnaies et Brian.
🏦 Il conclut ses études par un master en économie et business à Sciences Po Paris de 2014 à 2016.
Ses expériences professionnelles
🦄 Quand il rentre en France en 2014 pour faire son master à Sciences Po, Brian est très attiré par l’écosystème start-up naissant à Paris. C’est alors les débuts de The Family.
Fondée en 2013 par Alice Zagury, Oussama Ammar et Nicolas Colin, The Family a pour but de promouvoir l'émergence d'un écosystème de start-ups européennes dans le champ de l'économie numérique. Ils s’inspirent du fameux incubateur Y Combinator. Basé à San Francisco, c’est l'un des accélérateurs de start-ups les plus difficiles à intégrer et prestigieux au monde. En échange d’un capital d'amorçage, des conseils et des mises en relation au cours d’un programme de 3 mois, ils prennent en moyenne 7 % des capitaux de la société accompagnée.
🛏️ Il décroche une alternance aux partenariats dans une start-up américaine en plein croissance sur le continent européen, Airbnb. C’est une super première expérience qui lui permet de toucher aux thématiques de growth marketing. Sa mission : accroître le nombre d’hôtes en France.
💾 Il prend ensuite une pause de 8 mois pour voyager et il rejoint les équipes de Dataiku à son retour en janvier 2017 en tant que commercial. Dataiku vend un logiciel d’analyse et d’exploitation de données, notamment grâce aux méthodes prédictives. Ça ne l’intéresse pas tant que cela, surtout que nous sommes alors en pleine période d’euphorie sur le marché des crypto-monnaies.
₿ L’appel de ses premiers amours, la blockchain et le bitcoin, est le plus fort. Il quitte Dataiku au bout de 8 mois pour rejoindre La Maison du Bitcoin, aujourd’hui Coinhouse, en octobre 2017 en tant que directeur marketing.
La Maison du Bitcoin a été fondée en mai 2014 par Eric Larchevêque et Thomas France. Eric Larchevêque est connu avoir créé Ledger, l’une des start-ups les plus prometteuses dans l’univers des crypto-monnaies. Vous avez également pu apercevoir Eric Larchevêque dans l’émission M6 : “Qui veut être mon associé ?”
🤝 Lieu historique de l’écosystème des crypto-monnaies en France, il fait le plein de nouvelles rencontres via les conférences et réunions organisées par La Maison du Bitcoin. C’est au détour d’une de ces réunions qu’il rencontre Nicolas Julia et Adrien Montfort, les cofondateurs de Sorare, au moment où Sorare n’est encore qu’une idée.
⚽ En janvier 2020, il décide de quitter ses fonctions chez Coinhouse pour faire du conseil à son compte. Naturellement, il se retrouve à travailler pour Sorare. Il accroche bien avec l’équipe et il décide donc de les rejoindre en août 2020 en tant que Growth Lead, c’est-à-dire responsable de la croissance, en septembre 2020.
📦 Présentation de la boîte
Produit : Sorare crée et édite des cartes numériques uniques de footballeurs à collectionner en utilisant la technologie blockchain Ethereum. Ces cartes sont ensuite utilisées dans un jeu de fantasy football où le collectionneur-joueur affronte d’autres collectionneurs-joueurs dans des tournois. Le collectionneur-joueur peut gagner des récompenses en fonction des performances de son équipe.
Dans les jeux de fantasy football, le joueur est le manager d’une équipe virtuelle où il va pouvoir choisir les joueurs de football de son choix pour composer son équipe. Le joueur va se voir attribuer des points et un classement en fonction des performances “dans la vraie vie” des joueurs de son équipe. Il affronte généralement d’autres joueurs dans un tournoi ou une ligue.
Différence avec Panini :
Les cartes numériques sont uniques, transférables et infalsifiables grâce à la technologie blockchain Ethereum.
À l’inverse des cartes Panini, les cartes Sorare sont utiles dans un jeu de fantasy football.
Différence avec MonPetitGazon :
Une équipe est composée de 5 joueurs, à choisir parmi les cartes numériques de footballeur détenues par le collectionneur-joueur.
Le jeu se veut global et non pas national : les équipes peuvent être composées de joueurs issus de différents championnats.
Les collectionneurs-joueurs peuvent gagner des récompenses comme des cartes ou même en jeton Ether si les performances de leurs équipes sont excellentes.
Modèle d’affaire : La vente de cartes à collectionner et à jouer. Ces cartes sont vendues aux enchères en fonction de la loi de l’offre et de la demande. Pour l’instant, la vente de cartes représente 100% des revenus de Sorare.
Par exemple, la carte Mbappé a été vendue plus de 500€ sur la plateforme récemment.
Il faut cependant prendre en compte le coût de la licence d’exploitation vendue par les clubs. Plus le club est populaire et important, et plus le coût de la licence sera élevé.
Vision à long-terme :
La 1ère vision est de créer le meilleur jeu de fantasy football qui puisse exister.
La 2ème vision est de créer une constellation de jeux autour de ces cartes.
Nombre d’employés : 7.
Nombre de clients & chiffre d’affaires : En octobre 2020, 45 000 utilisateurs pour 900 000 euros de chiffre d’affaires de vente de cartes. En décembre 2019, ils étaient à 3 000 utilisateurs pour 18 000 euros de chiffre d’affaires de vente de cartes.
Levée de fonds : 4 millions d’euros en 2020.
Ils recrutent ! Des économistes du jeu, des développeurs et un motion designer. Plus d’informations ici.
🎙️ L’interview de Brian
1ère partie : le (growth) marketing et toi
Pourquoi travailles-tu dans le growth marketing ?
C’est un gros challenge intellectuel au quotidien.
Actuellement, avec Sorare, je dois réussir à convaincre à grande échelle des personnes qu’il y a un intérêt à participer et jouer au jeu que nous sommes en train de créer avec Sorare.
Travailler en growth marketing, c’est aussi avoir ce côté fouineur, de chercheur de trésor qui essaie de trouver le bon filon pour inciter les prospects à prendre les bonnes actions sur ton site ou ton jeu et en faire des clients.
C’est quoi du bon marketing pour toi ?
Faire quelque chose qui ne ressemble pas à du marketing, à de la publicité. De plus, un bon marketing doit être interactif. Ton utilisateur doit sentir qu’il est accompagné, qu’il n’est pas une simple cible mais un partenaire qui va être le co-créateur de son expérience.
Quelle a été ta plus belle réussite marketing ?
C’était pendant ma toute première start-up, chez Tracktl, un service de musique interactif pour lieux et événements. Je n’avais pas de budget et j’avais pour mission de faire une vidéo virale.
J’ai réalisé cette vidéo dans le métro parisien. On a fait venir un comédien dont l’objectif était de réussir à faire danser les gens. On a pris quelques caméras, il a lancé la musique Rasputin de Boney M et il a commencé à s’ambiancer dessus. Les gens dans la rame de métro se sont pris au jeu et certains ont commencé à danser dessus, ça a donné le sourire à presque tout le monde et cela transpire dans la vidéo ! On l’a postée sur Youtube, le Bonbon l’a reprise et partagée sur leurs propres réseaux sociaux. La vidéo est devenue virale, on est même passés au journal télévisé de 20 heures !
C’était super chouette comme expérience, c’est mon 1er coup marketing au sens viral du terme.
En termes de chiffres, cela a généré plus de 150 retours de presses, plus de 10 millions de vues en cumulé. Sur le mois de la sortie de la vidéo, le nombre d’utilisateurs sur le site est passé de 20 000 à 150 000.
Mission réussie ;)
Quels sont vos prochains défis chez Sorare ? Les tiens ?
Les objectifs de Sorare, et par extension les miens, sont très ambitieux.
Nous voulons doubler le nombre d’utilisateurs payants d’ici fin décembre ainsi que le volume sur le plateforme à 1,8 million d’euros contre 900 000 euros actuellement. Voilà pour les objectifs quantitatifs.
Pour les objectifs qualitatifs, nous allons gérer au mieux le lancement de plusieurs clubs qui arrivent sur la plateforme et les amplifier d’un point de vue viral.
Hier, Sorare a annoncé le lancement du partenariat avec le Bayern Munich, champion d’Europe en titre.
Les 3 vecteurs d’acquisition que je vise avec Sorare :
Les retours presse. Cela crée de la confiance dans la marque Sorare.
Les social media, surtout via la communication par les clubs du partenariat. Par exemple, dès que le PSG communique à propos de notre partenariat, cela crée entre 1000 et 2000 nouveaux utilisateurs sur Sorare.
La viralité : les influenceurs dans l’univers du jeu vidéo, du football et de la crypto. Afin que les utilisateurs parlent aussi de Sorare, on a créé un programme de parrainage client et d’affiliation afin de maximiser cette viralité potentielle.
Parrainage client : l’entreprise récompense son client lorsque celui-ci lui apporte un nouveau client grâce à une recommandation effectuée auprès de ses proches ou connaissances. La récompense peut prendre différentes formes : une somme d’argent, des crédits à utiliser sur la plateforme, des bons de réductions …
Affiliation : l’entreprise propose à un réseau de sites ou d'individus de promouvoir ses produits ou ses services par le biais de bandeaux ou de liens textes pouvant être présents sur des pages web ou des publications sociales. Selon les cas, les affiliés sont rémunérés par une commission sur les ventes, ou en fonction des visites ou contacts commerciaux (leads) générés à partir de leurs liens d'affiliation. Source : Définition Marketing.
2ème partie : Formation & éducation
Continues-tu à te former ? Si oui, comment t'organises-tu ?
Oui, de manière hebdomadaire. Tout d’abord en lisant beaucoup, puis en écoutant des podcasts.
Mes inspirations :
La newsletter Reforge - growth marketing.
La newsletter de Founders First - growth marketing.
GrowthMakers - podcast growth marketing.
Messari - podcast crypto.
J’aime aussi m’inspirer d’entrepreneurs qui ont réussi. J’essaye de comprendre leur schéma de pensée sur la croissance de leur boîte en Invest like the best.
Quel est ton livre de marketing préféré et pourquoi ?
Hooked, de Nir Eyal. Plutôt tourné vers le product marketing. Il décrypte le mécanisme de l'addiction à un produit ou à un service en se basant sur une analyse comportementale des utilisateurs, et comment ensuite construire une expérience utilisateur qui favorise la création d’habitude pour la rendre incontournable.
Quelles sont les 3 "compétences dures" indispensables pour réussir en growth marketing ?
Être analytique et axé.e sur les données. Il faut aimer analyser la data pour créer de la connaissance .
Savoir convaincre à travers l’écriture, savoir comment raconter une histoire et la transmettre le mieux possible.
Savoir prioriser les canaux d’acquisition. En fonction du produit, il y a un canal d’acquisition qui fait sens, qui va mieux fonctionner que les autres et qu’il va falloir optimiser pour en tirer tout le potentiel. Pour reprendre mon exemple, ce n’est pas la même chose que de vendre du bitcoin et un jeu et il faut que j’adapte mes canaux d’acquisition pour ces produits.
Quelles sont les 3 "compétences molles" indispensables pour réussir en growth marketing ?
Organisation et hiérarchisation des priorités : il est très important de savoir quels tests lancer selon tes objectifs et comment. Il faut pouvoir les suivre facilement et les rendre accessibles à tous.
Une qualité trop souvent négligée : la communication. Il faut savoir synthétiser les informations pour les personnes avec lesquelles tu travailles et expliquer pourquoi tu as travaillé dessus.
Être très méthodique.
Ma question préférée : Compte tenu de ton expérience et de tes connaissances actuelles, qu'est-ce que tu dirais à un élève de terminale qui souhaite travailler en growth marketing et qui veut se former de la meilleure manière possible ?
Je lui conseillerais de commencer par lire ta newsletter :)
Je recommande aussi.
Ensuite, je lui dirais d’apprendre des autres en écoutant des podcasts, en allant à des conférences et ateliers Meetup et de poser le maximum de questions.
Il faut rencontrer du monde, être au contact des gens qui sont bons et apprendre auprès d’eux plutôt que de commencer un cursus à HEC. Il faut se rapprocher des personnes qui t’inspirent, ne pas avoir peur et surtout faire, créer quelque chose. Tu vas apprendre par ton propre entrepreneuriat.
3ème partie : carrière
Comment as-tu construit ta carrière ? Avais-tu un plan ou pas du tout ?
Non, pas de plan. À vrai dire, j’avais des velléités différentes, j’ai juste suivi mes intuitions et mes passions. C’est comme cela que je suis tombé dans le mix blockchain et foot. Ce n’est clairement pas pour tout le monde. Cependant, je sais que je suis dans une industrie qui se développe à vitesse grand V et qui a de magnifiques perspectives de croissance dans les années à venir.
Comment expliquerais-tu ton succès en growth marketing ?
J’ai beaucoup appris en étant dans des petites équipes plutôt que dans des grosses structures. J’ai également beaucoup appris au contact d’autres growth marketers.
En plus, certains ont fait des paris sur moi, notamment Eric Larchevêque lorsqu’il m’a nommé CMO de La Maison du Bitcoin, un poste stratégique. Ça te donne une motivation supplémentaire pour leur renvoyer l’ascenseur et travailler deux fois plus.
Il faut garder l’esprit d’une personne curieuse, prête à s’aventurer vers de nouveaux domaines.
Qu'est-ce que tu regardes en 1er sur le CV d'un candidat ?
Ses expériences. Si je les comprends bien, si elles sont tops.
Si je ne les comprends pas, je vais regarder sa lettre de motivation. Il peut y avoir des incohérences de parcours mais il faut m’expliquer pourquoi et me vendre qui tu es. Le plus important, ça reste l’entretien.
Mon conseil : ne pas poster votre candidature sur le site de la boîte, mais contacter plutôt des personnes qui y travaillent par mail ou LinkedIn. Il faut passer en-dehors du marché : 50% des emplois qui sont pourvus sont des emplois qui n’ont jamais été ouverts. Il est important d’oser.
Pour un stagiaire, je vais plutôt chercher une tête bien faite et voir à quel point il a essayé de faire les choses par lui-même.
Qu'est-ce que tu recherches en priorité chez un potentiel candidat ?
À quel point la personne a compris le modèle d’affaires de l’entreprise, le marché dans lequel on évolue, ses spécificités. Si elle le comprend bien, alors quel est son potentiel pour développer l’entreprise comme il le faut ? Je cherche des personnes capables d’assimiler vite et qui sont force de proposition.
🔦 La belle histoire de la semaine
Comment Tupperware a-t-il su adapter son modèle de vente à la crise sanitaire pour multiplier ses ventes ?
Un peu d’histoire
Tupperware est une entreprise américaine fondée en 1946 par l'ingénieur américain Earl Tupper. C’est à lui que l’on doit l’invention du récipient hermétique en polyéthylène, un plastique simple, bon marché et résistant au froid.
La grande force de ce récipient ? Une parfaite étanchéité qui permet une conservation des aliments plus longue au réfrigérateur, appareil qui vient alors de faire son apparition dans les foyers américains.
Une méthode de vente révolutionnaire
Au-delà de l’excellence de son produit sur un marché en plein essor, le succès de Tupperware s’explique par une technique de vente originale qui mélange vente à domicile et démonstration en direct, les fameuses “réunions Tupperware”.
Earl Tupper vendait originellement ses récipients en magasin. Cependant, il fut assailli de réclamations de la part de ses premiers clients car peu d’entre eux obtenaient les résultats escomptés à cause d’une mauvaise utilisation des récipients. En effet, afin de créer le vide partiel au sein du récipient et garantir ainsi une meilleure conservation des aliments, un certain tour de main était nécessaire.
Suite à cet échec, tout devient limpide pour Earl Tupper : ses produits ne peuvent pas se vendre si leur fonctionnement n’est pas expliqué auparavant à la clientèle.
Ne pouvant engager une armée de vendeurs qui feraient des démonstrations continues des produits, il arrête la distribution en magasin en 1951 et met sur pied avec l’aide de Brownie Wise un réseau de démonstrateurs non salariés en puisant dans l'énorme réservoir de main-d'oeuvre constitué par les américaines ne travaillant pas.
Le principe : toute femme peut animer une réunion au cours de laquelle elle présente et utilise les produits Tupperware devant ses invitées. Ces réunions n’ont pas seulement lieu à son domicile, mais également au domicile d’autres maîtresses de maison, les “hôtesses”.
L’animatrice reçoit une commission de 25 % sur chaque commande de produits Tupperware passée par ses invités au cours de la réunion. Elle perçoit également 3 % sur les ventes des vendeuses qu’elle a réussi à recruter au fil de ses réunions. Pour avoir organisé la réunion et être incité à le faire, les hôtesses reçoivent un produit Tupperware en cadeau en fonction du montant des ventes réalisées lors de cette réunion.
Ensuite, l’animatrice a en charge la livraison et le suivi des commandes à ses clients et clientes.
Cette méthode de vente est alors l’unique canal de distribution de l’entreprise et l’est resté pendant trèèèèèèèès longtemps.
Comment Tupperware a-t-il su adapter son modèle de vente à la crise sanitaire et multiplier ses ventes ?
Par chance ou par génie, Tupperware a commencé à digitaliser son modèle de vente en 2019, juste avant la pandémie :
Transformation de ses sites internet en plateforme e-commerce. Il est désormais possible de commander des produits Tupperware en ligne, ce qui était impossible auparavant.
Création d’une série d’outils digitaux pour ses animateurs et animatrices afin de les aider à organiser des réunions Tupperware virtuelles sur Zoom ou Facebook Live et présenter des produits sur les réseaux sociaux.
Les avantages
Possibilité d’organiser des réunions Tupperware avec plus de personnes. L’animateur choisit ses invités qui peuvent également inviter des personnes de leur choix. Ainsi, une réunion de 8 à 10 personnes se transforme en une réunion de 16 à 20 personnes.
Création d’un nouveau programme de fidélité. 80% des 3 millions d’animateurs Tupperware travaillent à temps partiel pour Tupperware. Pour eux, c’est avant tout un moyen de se procurer des produits Tupperware à prix réduits et éventuellement mettre un peu d’argent de côté. Tupperware les considère plutôt comme des clients privilégiés que des animateurs. Ils leur offrent alors des avantages fidélité uniques.
La vente en direct permet de meilleures marges et facilite la prise et l'exécution des commandes. De plus, afin d’éviter la frustration d’être mis en concurrence par Tupperware sur la vente directe des produits, les animateurs(-trices) sont associé(e)s à chaque vente réalisée sur l’eshop, indépendamment qu’il/elle soit à l’origine de la commande en touchant une commission (plus basse) sur ces ventes.
Résultats
En sévère déclin depuis 2018 jusqu’à atteindre le prix de 1,15$ en mars 2020, le prix de l’action Tupperware explose depuis la pandémie : 28,50$ à l’heure où j’écris ces lignes, soit une hausse de 2 378% !
Au troisième trimestre 2020, les ventes ont atteint les 477 millions de dollars, en augmentation de 14% par rapport au 3ème trimestre 2019, pour un profit de 34,4 millions de dollars, en hausse de 29%.
Les ventes directes représentent aujourd’hui 4% du chiffre d’affaires de Tupperware alors qu’elles étaient presque nulles auparavant.
Bien sûr, ces résultats ne s’expliquent pas uniquement par la digitalisation de leur modèle de vente, mais aussi par la nouvelle réalité amorcée par la pandémie, les préoccupations accrues des consommateurs concernant la sécurité alimentaire et le stockage des aliments et une demande accrue de produits réutilisables.
Cependant, il est important de noter à quel point Tupperware a su anticiper l’évolution de son modèle de vente pour s’adapter à une nouvelle réalité et repartir sur les chemins de la croissance.
🏄 Alors, c’est bon ça ou c’est pas bon ça ?
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À la semaine prochaine et au plaisir de te lire 🤙
C’est bon ça !
Jean