CBC #13 - Kevin Hutchings, le connecteur
Cofondateur & CMO Staycation - Réinventer le tourisme de proximité
Chère lectrice, cher lecteur bonjour !
13ème édition aujourd’hui de C’est bon ça, la newsletter qui t’envoie que du bon autour du (growth) marketing 🤟
Cette semaine, j’ai échangé avec Kevin Hutchings, cofondateur & CMO de Staycation, la plateforme qui vous fait vivre une expérience magnifique dans les plus beaux hôtels autour de chez vous à prix canons.
Pourquoi devez-vous lire cette édition ?
Comme toujours, le parcours de Kevin. Plus de 10 ans d’expérience en communication et marketing digital, 5 ans d’entrepreneuriat, Kevin a de multiples casquettes. C’est surtout un passionné du marketing qui s’auto-forme en continu sur de nouvelles thématiques marketing.
Staycation est une boîte EXTRAORDINAIRE. Et je pèse mes mots. Avant ma rencontre avec Kevin, je n’avais pas compris à quel point Staycation révolutionne le marché hôtelier. Pour ceux qui sont familiers avec le concept, nous sommes en plein dans la stratégie de l’océan bleu. Staycation crée littéralement un nouveau marché et une nouvelle demande par une innovation de consommation et de distribution. Au lieu de se battre sur le marché traditionnel de l’hôtellerie, ils élargissent le marché hôtelier en transformant l’hôtel en produit du quotidien. Je vous en dis plus dans la présentation de Staycation et l’interview, mais ça vaut le détour.
Puisque nous sommes dans le secteur de l'hôtellerie aujourd’hui, je vous présente la stratégie marketing de Booking.com qui lui a permis de s’imposer aujourd’hui comme le leader mondial incontesté de la réservation d’hébergements.
Si tu lis cette édition sans être inscrit·e, il n’est pas trop tard, bien au contraire !
Allez, c’est parti ! 🔥
💌 Présentation de l’invité
Des débuts dans la communication digitale
🖥️ Après deux années de classes préparatoires littéraires, il intègre en 2007 le CELSA Paris Sorbonne, une école de communication. Il s’y spécialise en stratégie digitale. Ses différents stages le confortent dans son choix de continuer dans le digital. À la fin de ses études en 2011, il arrive chez BETC, une agence de communication réputée. Il travaille sur les stratégies digitales des marques. Ses missions consistent essentiellement à :
aider ses clients à définir le territoire de leur marque (ses valeurs, ses cibles, ses moyens de communication),
pour ensuite la connecter au mieux avec leurs audiences via une stratégie de contenu et d’engagement tout le long du parcours client.
🤝 Dans le cadre de ses missions, il se spécialise en stratégie de communication digitale, développe une vraie obsession du parcours client et surtout travaille avec ses futurs associés, Mathieu & Mathieu. À eux trois, ils forment une mini-agence : ils partagent une même vision des choses, développent une belle entente et possèdent des compétences très complémentaires. Résultat, ils travaillent très souvent ensemble chez BETC. L’entente est si bonne qu’ils projettent régulièrement de monter une boîte ensemble. Le Rubicon est franchi en février 2015.
La première expérience entrepreneuriale : NightNight
🏨 En parallèle de leur travail chez BETC, ils travaillent tous les soirs de la semaine et le weekend sur un projet nommé NightNight. Le concept ? Proposer une curation des nouveaux hôtels tendances aux voyageurs à la recherche d’une expérience plus intimiste et personnelle. Ils se rémunèrent en faisant de l’affiliation vers Booking.
🗼 Mais ils arrêtent les frais au bout de deux ans. Malgré les lancements dans une quinzaine de villes comme Paris, New York, Tokyo, Los Angeles, l’activité ne décolle pas.
💡 L’expérience est malgré tout très positive. Ils ont beaucoup appris des erreurs qu’ils ont pu faire. Et surtout, ils ont pu entrer en contact avec les hôteliers. C’est en échangeant avec eux qu’ils comprennent leur plus gros problème : le faible taux d’occupation le dimanche. En effet, le dimanche est le chassé-croisé entre les touristes qui rentrent de week-end et la clientèle business qui n’arrive que le lundi matin.
La naissance de Staycation
✨ Contrairement à leur précédent projet, ils comprennent qu’il y a un marché. Ils ont alors l’idée de connecter ces hôtels avec les locaux et faire ainsi de l’hôtel un mini-village de vacances chaque dimanche. Staycation est née.
📧 Pour tester leur idée, ils décident de construire un MVP, une simple newsletter Mailchimp. Ils demandent aux hôteliers partenaires de proposer aux résidents une expérience dans leur hôtel de 24 heures le dimanche. Cette expérience doit contenir une activité (SPA, cours de mixologie…), la nuitée du dimanche et le petit-déjeuner du lundi, le tout à un prix abordable. Ces offres sont ensuite communiquées dans la newsletter chaque mercredi et les résidents-voyageurs ont jusqu’au dimanche pour réserver et bénéficier de l’offre. Et ainsi de suite chaque semaine.
📱 Dans les premières newsletters, ils ont l’idée de glisser leurs numéros de téléphone personnels à côté d’une petite blague afin de pousser les curieux à appeler ce numéro. Cela leur permet de récolter de supers feedbacks pour améliorer l’offre de Staycation ainsi que de nouer une belle relation de confiance avec leurs premiers clients.
🚀 Tout cela couplé au côté “secret” de la newsletter (il faut être abonné·e à la newsletter pour recevoir les offres) et des partenariats prestigieux comme l’hôtel Molitor génère un fort bouche-à-oreille. Ils atteignent très rapidement les 400 clients. Leur MVP est ainsi validé. Ils quittent tous les trois BETC en janvier 2017 et se lancent à fond dans l’aventure Staycation, avec Kevin aux commandes du marketing.
📦 Présentation de Staycation
Constat initial : Historiquement, les hôteliers ont des taux d’occupation très faibles les dimanches, jour de chassé-croisé entre les touristes qui rentrent de week-end et la clientèle business qui n’arrive que le lundi matin.
Produit : Staycation reconfigure les hôtels dédiés à l’hébergement en lieu d’expérience à 360° pour proposer aux résidents locaux 24 heures magiques dans les plus beaux hôtels de luxe proche de chez eux à prix avantageux. L’offre de base comprend une nuitée, le petit-déjeuner du lendemain ainsi qu’une activité. Proposée uniquement le dimanche à ses débuts, Staycation propose désormais des offres le week-end, les mercredis, les jeudis et les lundis à la demande des hôteliers. Ils ont également construit un catalogue d’expériences pour s’adapter à tous les goûts et toutes les envies de leurs clients : bien-être, ultra-luxe, méditation, insolite, au vert... Un seul mot d’ordre : KIFFER !
Modèle d’affaire : Staycation prend une commission sur la réservation, la même pour tous les hôteliers. Cette commission est juste, dans la moyenne du marché.
Vision à long terme : Devenir le leader de l’évasion locale, au quotidien dans ta ville, en réinventant les contours de l’évasion dans un monde post-covid. Comment ? En transformant l’hôtel en lieu d’expérience à 360°, faisant de lui un lieu de vie dans le quartier. Un carrefour où les locaux se retrouvent pour se divertir et passer un super moment et non plus uniquement un lieu de passage pour les voyageurs.
Impact business :
Par ce nouvel usage de l’hébergement hôtelier, Staycation agrandit le marché global de l'hôtellerie en créant un troisième marché à côté du tourisme loisir et du tourisme d’affaires, le tourisme local. Selon Staycation, ce tourisme local sort renforcé du COVID-19 et doit à l’avenir dépasser le tourisme loisir car il est ancré dans le quotidien.
Staycation est devenu le 1er apporteur d’affaires pour ses partenaires, devant Booking et Expedia. Ils ont réussi à faire du dimanche le jour de la semaine le plus rempli pour leurs partenaires.
Le panier Staycation est 30 % supérieur au panier client classique : consommations au bar, au mini-bar, au restaurant… C’est un achat plaisir, un kiff donc le client consomme plus.
Leur prochain défi : Leur défi était le développement d’une application mobile afin de faciliter les réservations et les commandes de services additionnels de la part de leurs clients. L’application vient de sortir ! Pour 2021, Staycation souhaite développer son modèle sur de nouveaux marchés géographiques. Tout d’abord, rouvrir Londres, en pause depuis le 1er confinement. Puis lancer la France entière et au moins 3 marchés en Europe. Ils comptent financer cette expansion avec leurs fonds propres au début, avant pourquoi pas d’envisager une potentielle levée de fonds pour accélérer leur développement.
Levée de fonds ? Autofinancement pur depuis le début.
Quelques chiffres :
2017 : date de création.
700 000 : le nombre d’utilisateurs.
300 : le nombre d’hôtels partenaires, du 4 étoiles au palace.
2 : le nombre de pays où ils sont présents, la France (Île-de-France, Rhône-Alpes, PACA) et l’Angleterre (Londres).
Staycation et la COVID-19 ? Un effet positif. La COVID-19 a permis d’accélérer la prise de conscience de l’offre d’hébergement exceptionnelle à proximité, offre qu’il est possible de redécouvrir grâce à un changement des mentalités. La clientèle Staycation est avant-gardiste et préfigure celle des cinq prochaines années : une clientèle plus jeune, plus prescriptrice, plus sensible à l’expérience, hyper-informée et qui choisit avec soin les endroits où elle souhaite passer du temps. Elle ne vient plus pour le fonctionnel.
Ils recrutent ? À fond ! Ils sont en pleine phase de structuration. Ils recrutent en marketing un Acquisition & Growth Manager notamment. Toutes les offres ici.
🎙️ L’interview de Kevin
Le growth marketing & toi
Pourquoi est-ce que tu t’éclates dans le growth marketing ?
J’ai toujours été fasciné par la façon dont une marque ou un service se connecte à ses utilisateurs, à la bonne personne, avec le bon message au bon moment.
Ce qui me fascine avec le growth marketing, c’est de pouvoir réaliser cela à grande échelle et de pouvoir le tester en permanence. Le growth marketing te permet de comprendre les attentes des clients à grande échelle et de tester vis-à-vis d’eux ce qui te connecte à eux.
C’est quoi du bon marketing pour toi ?
Le bon marketing, c’est une connexion. C’est immédiat, ça doit résonner chez ton client. Ton message peut être très différent, tu peux jouer sur l'émotion, sur la rationalité de ton offre, sur ce que tu veux mais il faut que dans ton message, tu pousses le bon bénéfice au bon moment au bon utilisateur.
Pour faire une analogie, je vais prendre celle d’une soirée où tu as réussi à t’incruster mais où tu ne connais personne. Comment tu vas passer de la personne que personne ne connaît à celle avec qui tout le monde a envie de discuter ? Pour moi, le growth hacking, c’est ce qui va te permettre de rentrer dans la soirée, d’entrer en relation avec les gens que tu voulais voir. Ce qui est pas mal mais très loin d’être suffisant. Ensuite, c’est le growth marketing qui doit prendre le relais. Pour moi le marketing, c’est la manière dont tu vas parler aux gens, comment tu vas faire bonne impression afin de devenir cette personne charismatique avec qui tout le monde a envie de passer du temps.
L’enjeu ici, c’est de maîtriser la donnée et les outils pour faire ça à grande échelle et avoir les meilleures performances possibles.
Quelle a été ta plus belle réussite marketing ?
Je trouve que l’histoire de la newsletter en tant que MVP pour Staycation est hyper intéressante. On a trouvé le moyen le plus simple et efficace de tester notre idée et de nous connecter avec une première base utilisateur.
Dans ces newsletters, on mettait aussi nos numéros de téléphones personnels à côté desquels on glissait une petite punchline pour donner aux gens envie de nous appeler.
Grâce à cela, on avait des rendez-vous téléphoniques chaque semaine. En plus de développer une relation très forte avec nos premiers utilisateurs, on avait un accès direct à une source incroyable de feedbacks. On pouvait tester en temps réel nos idées sur des petits noyaux d’utilisateurs et ensuite on calculait les performances de ces idées, notamment le taux de transformation en fonction du volume d’appel. Cela nous a permis d’éviter de développer certaines de nos intuitions qui étaient complètement fausses et de gagner ainsi un temps précieux.
On a itéré là-dessus pendant 4 mois, ce qui nous a permis de développer une première connaissance de notre marché et des envies de nos utilisateurs. C’est grâce à cette connaissance que l’on a pu créer la première offre Staycation : une offre packagée, clé en main avec des offres thématiques autour d’une communication pertinente et adaptée à nos utilisateurs.
Dès que l’on a senti qu’il y avait un POC avec nos 400 premiers clients, on a lancé le site en 2017.
Tes prochains défis ?
Dupliquer sur d’autres marchés ce que l’on a réussi à faire en France. On va devoir recruter une équipe growth solide afin de créer une machine pour scaler l'acquisition tout en restant proche de nos utilisateurs. Cette relation avec nos utilisateurs est très importante pour nous, car c’est comme cela que l’on s’est développé et que l’on a bâti une partie de notre succès. Il est essentiel de continuer à développer notre marque et notre communauté autour de cet usage.
Formation & éducation
Continues-tu à te former ? Si oui, comment t'organises-tu ?
Carrément. Je me forme tout le temps.
Je me suis surtout auto-formé. Je lis beaucoup de livres, de newsletters et ensuite je teste, je me lance. Il n’y a pas de secret. Tu vois vite ce qui marche ou ce qui ne marche pas, et tu amplifies si ça marche.
Bien plus que les growth hacks, je crois beaucoup aux systèmes et à l’approche 20/80. Tu te construis une base de savoir générale et ensuite tu viens creuser certaines compétences en fonction de tes capacités, de tes goûts et du marché.
Par exemple je viens plutôt du branding et des insight, ce qui m'a donné une bonne affinité utilisateur, que ce soit pour comprendre la cible ou me connecter avec elle. J'ai d'abord construit autour de ce bagage avant de passer à d'autres expertises du marketing
Comment fais-tu pour te tenir informé des dernières actualités en growth marketing ?
Ahah j’en rate énormément ! Ce qui m’intéresse surtout, c’est de comprendre la vue d’ensemble. Et quand j’ai un besoin spécifique, je vais aller creuser l’information et lire toutes les sources qui existent dessus. Mais avant de me spécialiser, j'essaye toujours de garder la vue d'ensemble.
Pour ce qui est des questions de fond et des partages d’expérience, je vais privilégier les gens de mon réseau. Sinon je n’hésite pas à demander de but en blanc sur LinkedIn. Les gens sont très bienveillants et acceptent sans souci de partager leurs expériences.
Quel est ton livre marketing préféré et pourquoi ?
Je crois énormément à ce qu'on appelle "Learn by the book".
Je vais surtout lire des livres spécialisés par problématiques : Who : the A method for hiring pour le recrutement ou High Output management, pour tout ce qui a attrait aux process, Hacking Growth de Sean Ellis pour la structuration de l'équipe marketing, ou encore The One Thing sur la partie productivité.
Quelles sont les "compétences dures" indispensables pour réussir en growth marketing ?
Comprendre tes utilisateurs et leurs comportements. Cela passe par la maîtrise de la donnée ainsi que de la maîtrise des de la collecte et de la compréhension des feedbacks.
Le copywriting. Trouver les bonnes créations et les bonnes façons de faire vibrer ton message pour qu’il se connecte au gens.
Ta capacité de veille : avoir envie d’apprendre, de comprendre, de scaler.
Quelles sont les 3 "compétences molles" indispensables pour réussir en growth marketing ?
L’empathie envers ton client, l’intelligence du contexte. Comprendre ta cible est primordial.
Être connecté·e à la culture et à ceux qui font la culture afin d’avoir les mêmes références que tout le monde et pouvoir les utiliser dans ton marketing.
La créativité, sinon tu ne te différencies pas.
Je me permets d’en rajouter une dernière, c’est le bon sens. Il ne faut pas chercher à complexifier et mine de rien, cela demande beaucoup de travail de savoir aller à l’essentiel.
Ma question préférée : Compte tenu de ton expérience et de tes connaissances actuelles, qu'est-ce que tu dirais à un élève de terminale qui souhaite travailler en growth marketing et qui veut se former de la meilleure manière possible ?
Je lui conseillerais de partir de ses forces avant de chercher à combler ses faiblesses.
Quand tu commences, tu as tendance à ne voir que tes faiblesses, de faire face à une montagne super difficile à gravir. Mon approche du growth marketing a surtout été un cheminement. Il faut avoir envie d’apprendre, et de prendre le temps de se construire un chemin pour le maîtriser. Et pour ça, le plus simple est de commencer par ses forces. Cela aide à démystifier la tâche et à se rassurer sur ses compétences.
Carrière
Comment as-tu construit ta carrière ? Avais-tu un plan ou pas du tout ?
Il y a deux choses auxquelles j’ai toujours été très attaché : mon environnement de travail et l’impact de mon travail.
J’ai toujours eu envie d’évoluer dans un environnement de travail stimulant et riche, au contact de personnes intelligentes. Je ne faisais pas mes choix en fonction des compétences que j’allais pouvoir développer mais plutôt par les gens que j’allais côtoyer car je savais que cela allait m’ouvrir des opportunités et que j’allais apprendre auprès de ces personnes.
Ensuite, l’impact. Créer un produit qui va avoir un impact dans le vie des gens, être à un clic de notre client, et même être régulièrement en contact avec lui.
Comment expliquerais-tu ton succès en growth marketing ?
Mon obsession pour le client, ma façon de me connecter à lui et ma capacité à projeter les bénéfices pour lui.
Qu'est-ce que tu regardes en 1er sur le CV d'un candidat ? Qu’est-ce que tu recherches chez un candidat ?
Sur le CV, je vais regarder si le parcours du candidat correspond à nos besoins et aux postes en termes de compétences. C’est du matching entre les compétences clés identifiées en amont et celles présentées par le candidat.
J’aime bien aussi les CV qui ont fait l’effort de se connecter avec nous, où le candidat a déjà déterminé en amont les compétences qu’il a acquises et qui correspondent au poste.
S’il y a un bon match, alors je vais le vérifier à travers un entretien. Je vais regarder son parcours, son histoire, s’il a cherché à construire quelque chose.
Lors du premier entretien, je vais vérifier si la personne correspond bien au poste. Si c’est une candidature junior, je vais regarder le potentiel qu’il a pour apprendre et faire, sa curiosité, son envie, son enthousiasme. Et j’essaie de le transférer dans d’autres domaines.
Je suis attiré par les candidats déterminés qui ont envie d‘apprendre, exigeants dans leur approche, dans leur volonté de se former, dans ce qu’ils recherchent et dans ce qu’ils attendent d’eux même.
💡 Ce que j’en retiens
Tester son idée de manière lean avant de se lancer dans un projet entrepreneurial. La newsletter peut être un super moyen de tester l’appétence de potentiels clients pour son produit.
La meilleure formation, ça reste de faire.
Garder un lien fort avec ses premiers utilisateurs pour construire un produit qui correspond à leurs attentes. Laisser le bouche-à-oreille faire le reste.
Staycation crée un nouveau marché en introduisant un nouvel usage des propriétés hôtelières. Magnifique.
🔦 La belle histoire de la semaine
Comment la stratégie marketing de Booking lui a permis de s’imposer comme la plus grande société d'e-commerce au monde dans le secteur des voyages ?
Un peu d’histoire
Tout commence en 1996 à Enschede aux Pays-Bas. Geert-Jan Bruinsma, un jeune informaticien néerlandais, vient de terminer ses études à l'université de Twente. Il découvre dans sa dernière année d’études internet et toutes ses possibilités.
Inspiré par son travail de portier de nuit dans un hôtel lorsqu’il était étudiant, il essaie de réserver une nuit d’hôtel en ligne. Impossible. Aux Pays-Bas, aucun site ne propose ce service. Seul le site Hilton.com le propose mais uniquement aux Etats-Unis.
Entrepreneur dans l’âme, il s’en inspire très fortement et crée bookings.nl. Il permet à des hôtels de lister leurs chambres libres sur son site que des clients peuvent réserver. Le client paie l’hôtel à son arrivée et à la fin de chaque mois, bookings.nl envoie à l’hôtel partenaire la facture correspondant à une commission de 5 % (aujourd'hui entre 15 et 17 %) sur le montant total des réservations réalisées via bookings.nl. Tel est le modèle de développement initial choisi par Booking.com à ses débuts, appelé le modèle d’agence.
Un an plus tard, en 1997, alors qu’il souhaite faire la promotion de bookings.nl dans les colonnes du journal le plus lu des Pays, De Telegraaf, sa publicité est refusée sous prétexte qu’aucun numéro de téléphone n’apparaît dessus, seulement un site internet. Dès lors, considérant ses possibilités, Geert-Jan Bruinsma décide de mettre le paquet sur les moteurs de recherche pour attirer plus de trafic. Parallèlement, ils optimisent toutes les landings page afin de pousser chaque visiteur à faire une réservation sur son site. L’ADN de Booking.com est né.
La start-up grandit vite et développe un véritable savoir-faire en SEM. En 2005, Priceline.com, une agence de voyage en ligne américaine, rachète bookings.nl, devenue entre-temps Bookings B.V pour la somme de 133 millions de dollars. En 2006, Priceline.com fusionne Bookings B.V. avec ActiveHotels.com, son concurrent anglais racheté en 2004 pour 166 millions de dollars, et la nomme Booking.com. Le rouleau-compresseur est lancé.
SEM : Search Engine Marketing. SEM = SEA (référencement payant) + SEO (référencement naturel).
Les fondements du succès de Booking.com
L’ADN de Booking.com explique son succès. Il repose sur deux piliers : un performance marketing agressif couplé à une optimisation des taux de conversion extrêmement poussée lui permettant de créer une boucle de croissance imparable.
Performance marketing : Marketing à la performance, il désigne tous les canaux par lesquels l'annonceur rémunère le support publicitaire en fonction des performances de la campagne. On compte par exemple les publicités payées au clic comme Google Ads, l’affiliation…
Un performance marketing agressif
Booking a fait du SEA sa source principale de trafic sur ses sites. Google est son meilleur ami. Pour ceux qui l’ignore, la régie publicitaire de Google appelée Google Ads fonctionne selon un système d’enchères sur des mots clés sur lesquels les annonceurs souhaitent apparaître. Les publicités sur ces mots clés sont affichées sur la page des résultats de recherche Google sous forme de liens sponsorisés.
SEA : Search Engine Advertising ou publicité sur les moteurs de recherche. Le SEA désigne donc l'utilisation de liens commerciaux ou publicitaires sur les moteurs de recherche comme Google ou Bing.
Toute la stratégie de Booking consiste donc à être le mieux référencé possible sur Google, le moteur de recherche (ultra)dominant afin que les clients réservent leur chambre d’hôtel sur Booking.com et non sur le site de l’hôtel.
Booking.com dépensent des sommes faramineuses en achat de mots-clé pour faire apparaître ses liens sponsorisés en premières positions des résultats de recherches liées au voyage. Booking.com a dépensé près de 4 milliards de dollars chaque année entre 2017 et 2019 en performance marketing afin d’obtenir du trafic vers ses sites. Une très grande majorité, si ce n’est la quasi-totalité de cette somme, est dépensée sur Google Ads, la plateforme publicitaire de Google.
Une fois qu’ils ont réussi à amener le trafic vers le site, il faut encore transformer ces prospects en clients.
Une optimisation continue des taux de conversion
C’est l’étape cruciale. Si Booking.com paie aussi cher Google pour qu’il lui amène du trafic vers son site, il faut que ce trafic lui rapporte plus d’argent qu’il ne lui en a coûté. En d’autres mots, il faut qu’il réserve une chambre sur Booking.com.
Booking.com est célèbre pour être l’une des entreprises où le CRO est poussé au rang d’art, ce qui lui permet d’être beaucoup plus performant et rentable que ses principaux concurrents.
CRO : Conversion Rate Optimization, optimisation des taux de conversion en français, est la discipline qui consiste à optimiser en continu les taux de conversion selon un objectif donné : inscription à une newsletter, réservation d’une chambre, lecture d’une vidéo...
Tout est fait pour vous pousser à l’action. Booking utilise beaucoup les biais cognitifs afin de nous pousser à réserver en jouant sur les prix, le sentiment d’urgence et la preuve sociale.
Les prix : de nombreux prix sont barrés et les prix réels moins élevés sont affichés à côté. C’est ce que l’on appelle l’effet d’ancrage. Le prix barré est présent afin de vous donner le sentiment de faire une bonne affaire, sans forcément que cela soit une vraie réduction.
Le sentiment d’urgence : “Établissement réservé 4 fois à vos dates au cours des 6 dernières heures sur notre site”, “Dernière réservation à vos dates il y a 1 heure sur notre site”, “1 autre personne a recherché un hébergement aux mêmes dates que vous au cours des 10 dernières minutes”.
La preuve sociale. Les commentaires des anciens clients sont nombreux, très détaillés. Cela donne confiance dans le site et dans l’hôtel.
À partir du moment où le taux de conversion final est suffisamment élevé pour permettre un retour sur investissements positif des dépenses en performance marketing, une boucle de croissance se crée :
100 € de dépenses marketing initiales → 100 visites sur Booking.com → 50 réservations → 10 commentaires → hausse de 5 % du taux de conversion global → 52 réservations pour le même trafic → 2 nouveaux hôtels s’inscrivent sur Booking pour profiter de ce surplus de réservations → plus d’offres → meilleurs prix proposés par Booking.com → hausse de 5 % du taux de conversion global → 105 € de revenus → 105 € de dépenses marketing → 105 visites → … Vous comprenez l’idée.
Quels résultats ?
Ce rachat est considéré comme l’une des meilleures acquisitions jamais réalisées dans l’histoire d’internet. Booking.com représente environ 80 % des revenus du groupe Booking Holdings, celui-ci détenant également les marques Kayak, Priceline.com, Rentalcars.com, Opentable et Agoda.
2 580 000 propriétés référencées dans plus de 230 pays et territoires et plus de 40 langues, une valorisation estimée à 67 milliards de dollars, 12 milliards de dollars de chiffres d’affaires pour un résultat net de 4,8 milliards de dollars en 2019, 60 % de part de marchés en Europe… Tout cela pour un prix de 133 millions de dollars qui semble bien dérisoire aujourd’hui.
🌚 Des nouvelles des ancien·nes invité·es
Rien de spécial cette semaine !
🏄 Alors, c’est bon ça ou c’est pas bon ça ?
Petite question, de 1 à 10, quelle note donnerais-tu à cette édition ?
Répands la bonne nouvelle autour de toi en cliquant ci-dessous si tu as apprécié cette édition 👇
Si tu veux (re)lire les 3 éditions précédentes, tout est là :
Au plaisir de vous lire 🤙
C’est bon ça !
Jean