Salut les chef(fe)s ! 🧑🍳
Aujourd’hui, virage à 180° par rapport au thème des trois dernières éditions centrées autour de la crypto.
Aujourd’hui, nous partons à la rencontre d’Hubert Motte, entrepreneur solidaire, engagé et aligné qui a créé en 2017 la marque d’accessoires à impacts positifs La Vie Est Belt.
Pourquoi ce choix ?
C’est toujours inspirant d’avoir le témoignage d’entrepreneurs. Ils ont dû toucher au marketing, au moins début du projet, pour trouver leurs premiers clients.
Hubert n’a aucune formation en marketing mais s’avère être un excellent communicant… Et il nous explique pourquoi et comment il fait.
Avec La Vie Est Belt, le marketing est dans le produit. Et ça change pas mal de choses.
Comme toujours, 2 options pour déguster cette édition :
La version audio en lien dans ce mail et sur les plateformes comme Spotify, Apple Podcast ou encore Anchor.
Si vous êtes plutôt lecture, c’est juste en dessous.
Présentation de La Vie Est Belt
La Vie est Belt est une marque d’accessoires de mode créée en 2017 par Hubert Motte. Elle donne une deuxième vie aux déchets difficilement recyclables comme le caoutchouc.
C’est aussi une marque solidaire et engagée qui a pour mission de valoriser l’emploi et les savoir-faire locaux. Les accessoires sont confectionnés dans le nord de la France, à Tourcoing.
La Vie est Belt travaille en partenariat avec AlterEos, une entreprise adaptée qui propose des prestations de services de ses salariés en situation de handicap à des entreprises partenaires. Christophe, Gaëtan, Adama et Kamel sont les 4 personnes qui façonnent les accessoires de mode de la Vie Est Belt depuis 2017.
Leur mission
Vendre des produits qui rendent la vie un peu plus belle en revalorisant les matières et en donnant du travail à des gens qui en ont le plus besoin.
Leur produit phare
Le premier produit créé par Hubert, le fondateur : la Belt Vélo Noire Fine, à 39€.
Les autres produits développés depuis
Les Belts Corde (à partir de corde de bateau ou d’escalade)
Les Belts Pompiers (à partir de lances incendies de pompier)
Les Belts Voitures (à partir de pneu de voitures cette fois)
Des accessoires.
Quelques chiffres
6 employés en comptant Hubert, le fondateur.
30 000 ceintures vendues depuis sa création en 2017
Plus de 13 tonnes de déchets revalorisés, dont :
11 tonnes de caoutchouc
2 tonnes de coton
27 kg de corde
Une quinzaine de magasins partenaires en France et en Belgique.
Presque 7 millions de vues cumulées par les 3 passages de Hubert dans le média vidéo Brut. Le premier épisode (2019), le second (mi-2020) et le troisième (fin 2020).
400 000 visites sur son site le soir où il est passé dans l’émission Qui veut être mon associé ? sur M6.
10 millions de pneus brûlés chaque année en Europe faute d’alternative.
🏃♂️ Le chemin d’Hubert
Pourquoi as-tu lancé ce projet un peu fou ?
La Vie est Belt est un projet que j’ai monté à la fin de mes études il y a 4 ans et demi, en 2017. J’étais tout juste diplômé, j’avais 23 ans et j’étais encore en coloc’.
Pendant mes études d’ingénieur à Lille, j’avais fait une alternance chez Décathlon en tant que responsable du développement des produits textiles pour le ski, notamment les sous-vêtements et les pulls. Ayant toujours aimé allier la créativité et le concret, j’ai vite compris que créer et concevoir des produits m’amusait et me plaisait.
Cependant, je n’étais pas fier de l’impact de mon travail car la production était en majeure partie localisée en Asie du Sud-Est.
L’idée de la Vie est Belt a commencé à germer à ce moment précis. Je voulais créer une marque qui allie ce que j’aime faire, à savoir créer des produits, avec un bon sens écologique en partant d’un déchet. Et si possible, créer des emplois dans ma région.
De ce constat, j’ai cherché quel déchet utiliser, et je suis vite tombé sur le pneu de vélo.
C’est un déchet qui n’est pas ou peu revalorisé car le caoutchouc est une matière complexe à réutiliser, à retransformer. Surtout, c’est un déchet que nous n’arrivons pas à éviter. En Europe, 10 millions pneus de vélos sont brûlés chaque année faute d’alternative de recyclage ou de réutilisation.
Aussi, il était important pour moi d’avoir un déchet pour lequel on a un vrai besoin, afin qu’il y ait des gens qui aient de la matière à donner. Les ateliers de vélo doivent payer l’incinération des pneus usés, et ils ne sont pas fiers de la fin de vie de ces pneus.
Je me suis dit qu’on pouvait alors leur proposer de les récupérer gratuitement et d’en faire quelque chose de bien plus sexy, une ceinture par exemple.
Pourquoi la ceinture ? C’est un objet du quotidien universel au possible, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, et de tout âge. C’est aussi un petit produit qui n’est pas très compliqué à fabriquer. Je voulais créer moi-même les premiers produits pour débuter.
Comment t’es-tu lancé dans cette entreprise maintenant que tu avais une idée plus précise de ce que tu voulais faire ?
Je me suis vite mis à faire des prototypes, pour découvrir si ça valait le coup d’aller plus loin.
J’ai fait les premiers prototypes dans ma coloc, avec les moyens du bord : j’ai investi 300 euros dans des presses trouvées sur le bon coin, des ciseaux Fiskars... Du matos de base pour commencer à bricoler et fabriquer mes premiers prototypes.
La première étape était de faire un produit avec un déchet. La deuxième de faire un premier prototype qui tienne la route, qui soit fonctionnel. La troisième, un prototype qui soit beau et que l’on ait envie de porter. Enfin, arriver à en créer 10, c’est-à-dire mettre en place un processus de fabrication.
J’avançais étape par étape, petit pas par petit pas. Je crois beaucoup à cette méthode pour être efficace et se sentir avancer.
À quel moment t’es-tu dit : ok, ça marche, c’est pérenne, j’y vais à fond et je lance mon entreprise ?
Je n’imaginais pas faire de ce projet une entreprise. C’était un mot qui me faisait peur. Je voyais cette démarche comme un délire de fin d’étude, un projet que j’avais au fond de moi et que j’avais envie de tenter par crainte d’avoir des regrets si je ne le faisais pas.
Cela m’a permis de ne pas me mettre trop de pression. Si je m’étais dès le début dit que je voulais monter une entreprise, ça aurait été une trop grosse montagne pour moi. J’ai mis du temps à accepter l’idée.
Tu en prends vraiment pris conscience quand tu as des clients récurrents, que tu embauches des personnes à qui tu verses un salaire à la fin du mois, et que ça tourne. J’ai atteint ce stade en 2018, au bout d’un an.
Cependant, j’ai commencé à sentir que le projet commençait à bien grandir lorsque j’ai fabriqué 100 ceintures que j’ai vendues à des gens que je ne connaissais pas.
C’était en juin 2017. Je commençais déjà à en vendre depuis ma coloc’ car la presse régionale avait fait des premiers articles sur le projet. Des gens que je ne connaissais pas me contactaient sur Facebook et venaient à la coloc’ m’acheter des ceintures. C’était incroyable.
Assez vite, 3 lieux à Lille et autour de Lille m’ont proposé de venir faire des ventes éphémères d’une journée dans leurs boutiques. Sur ces 3 dates, les 100 ceintures ont été écoulées. Cette nouvelle étape fixée était cochée.
C’était aussi les premières rentrées d’argent : 3900€ bruts.
Ça m’a permis de réinvestir dans de meilleurs outils et d’envisager un peu la suite. C’est cette étape qui a vraiment marqué la naissance du projet et qui m’a conforté dans l’idée de passer la seconde, à savoir créer un site internet pour vendre en ligne et également transmettre la production.
Je ne pouvais en effet plus assurer la production tout seul, et j’avais aussi envie de participer à la création d’emplois solidaires dans la région : des chômeurs depuis plus de deux ans, des personnes en situation de handicap, d’autres qui sortent de prison...
J’ai alors été contacté par une entreprise du coin, AlterEos, une entreprise spécialisée dans l’emploi des personnes en situation de handicap. Cela fait désormais 4 ans et demi que l’on bosse avec eux.
Comment as-tu défini ta stratégie commerciale ?
Je n’ai pas fait d’école de commerce, le marketing n’était pas ma spécialité, je ne savais pas ce qu’était un business plan, ni un numéro de SIRET... Cette relative ignorance m’a évité de me faire une montagne de ce qu’est entreprendre ou monter un projet parce que je découvrais tout cela au fur et à mesure.
Un business plan, c’est définir un projet viable d’un point de vue économique. D’instinct, j’ai construit le projet en étant vigilant sur la rentabilité.
Pour mon premier produit, la ceinture en pneu de vélo, j’ai regardé le prix moyen d’une ceinture en Franc. Environ 35 euros. Avec ce produit, j’avais envie d’être autour du prix moyen.
Ensuite, il s’agissait de déterminer nos coûts de production. J’ai défini un prix en face de chaque action du processus de production afin de déterminer le coût de revient du produit.
Puis j’ai appliqué un taux de marge sur le produit et l’ai comparé avec les prix du marché. Le premier prix se situait à 39€ en incluant la TVA et en mettant des petites marges de sécurité. Il était difficile de mettre un prix plus bas à cause du made in France et des coûts de récupération et de traitement des déchets.
Ça l’a fait, et on s’y retrouve. On a jamais changé le prix et on a vendu 30 000 ceintures depuis.
Quelle a été ta stratégie de distribution pour La Vie Est Belt ? Uniquement e-commerce ou pourquoi par via des boutiques physiques ?
Au début, je ne me suis pas trop penché sur le site internet car toutes nos ceintures sont différentes selon la qualité des déchets que l’on récupère. On n’a pas de standard, donc c’est assez contraignant. Depuis, on a bien bossé cela pour standardiser les gammes de produits.
La stratégie que j’imaginais au début, c’était d’organiser des événements pour rayonner et de vendre dans des boutiques partenaires.
Mais la demande a assez vite grandi sur les réseaux sociaux de la part de gens qui aimaient nos produits mais n’étaient pas dans la région lilloise.
Au bout d’un moment, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose sur internet car il y avait beaucoup de monde qui était chaud quand même !
Le e-commerce est alors venu assez naturellement. C’est un bon moyen d’être en lien direct avec ses clients tout en gardant un niveau de marge intéressant car les boutiques prennent au moins 50% sur notre marge.
Le projet d’avoir une boutique en propre n’est pas dans les clous. Nous avons déjà une quinzaine de magasins partenaires en France et en Belgique qui sont chouettes et vendent des produits comme les nôtres. Travaillons avec elles plutôt que d’essayer de réinventer la roue. On a déjà pas mal d’autres projets donc cela nous convient de vendre via nos partenaires, sachant que la majorité des ventes se fait sur notre site internet quand même.
Quels sont ces futurs projets ?
Des développements produits avec d’autres matières pour beaucoup. Nous en avons pas mal dans les tuyaux. Ils sont prévus pour début 2022.
D’élargir nos collectes à l’échelle nationale, voire européenne, pour les pneus de vélo notamment. On a beaucoup de mal à collecter suffisamment de pneus de vélo pour répondre à la demande.
C’est quoi la définition du marketing pour un entrepeneur-ingénieur qui n’a pas appris le marketing pendant ses études ? Comment tu expliquerais ça avec ton expérience ?
Communiquer intelligent sur ce que l’on fait. Expliquer de manière efficace et simple un produit, un projet, un concept. De faire rayonner un projet.
Au démarrage, j’ai pas mal participé à des concours d’entrepreneuriat ou d’économie circulaire. Cela m’a permis de pitcher mon projet, de mieux le cadrer aussi à force d’en parler à des jurys. J’ai également été mis en avant quand je gagnais des prix. C’est comme cela que j’ai eu mes premières retombées média.
Par exemple, en avril 2017, j’ai notamment été finaliste d’un concours national, la fabrique Aviva. À la remise des prix, il y avait pas mal de journalistes. J’ai été contacté derrière par la Voix du Nord, notre journal local, qui a rédigé un premier article sur la Vie est Belt. Et c’est parti de ça.
Ce sont les médias qui m’ont aidé à rayonner assez vite, et derrière les réseaux sociaux ont pris le relais. On ne fait pas de marketing payant, on n’en a jamais fait sauf peut-être une fois pour tester. Sur Facebook ou Instagram, c’est de l’organique, du bouche-à-oreille pur, mais qui reste très puissant.
C’est ça pour moi du marketing de qualité. C’est quand les gens relaient le message parce que ça leur parle.
En 2019 et 2020, tu es passé sur Brut. Tu peux nous raconter ça de l’intérieur et nous parler des retombées ?
C’est là que l’on voit que les médias et les réseaux sociaux sont très puissants, car Brut est aussi très présent sur les réseaux sociaux. On a fait 3 sujets avec Brut, et ça a fait entre 1 et 3 millions de vues chacun ! Derrière, c’est beaucoup de monde sur le site, des ruptures de stock, beaucoup de commandes, beaucoup de messages, et ça c’est géant.
Le plus puissant reste l’émission que j’ai faite avec M6 en 2020, qui s’appelle “Qui veut être mon associé ?”. Le soir de la diffusion, on a eu 400 000 visiteurs sur le site, qui a bien évidemment planté. On a reçu plus de 2000 mails de soutien, d’encouragement, des coups de fil... Ça a été une grosse période de rush ensuite pour gérer tout ça mais ce sont des bons problèmes.
Ce qui est géant, c’est que ça prouve que le projet parle aux gens. Parfois, ce sont des messages de gens qui disent : “Vous m’avez donné envie de me lancer, je n’étais pas du tout aligné avec mon boulot, j’ai démissionné, et je rejoins tel projet pour être aligné avec mes valeurs et essayer de participer à changer la société dans le bon sens à mon échelle”.
Cela touche des gens que je n’aurais jamais imaginé toucher un jour, et ça a de l’impact sur la vie des autres.
Comment est-ce que tu t’es retrouvé dans cette émission ?
J’ai été contacté par la boîte de production qui s’occupait du casting de “Qui Veut Être Mon Associé ?” et qui m’avait vu sur Télématin, France 2. Ils étaient très chauds pour que je participe à leur émission.
J’étais partant sur le principe, tout en leur disant que je ne cherchais pas à lever de fonds, ce qui est pourtant le but de l’émission, car je veux que La Vie Est Belt reste indépendante.
Dans cette émission, chaque entrepreneur présente son projet devant un panel d’investisseurs chevronnés qui décident ensuite de s’associer avec l’entrepreneur et d’investir ou non dans son projet.
Je continue quand même à échanger avec la boîte de production. De fil en aiguille, on se met d’accord sur ma venue, avec la promesse que je m’arrangerai avec le jury selon ce qu’ils pourraient me proposer.
J’ai ensuite tourné l’émission, qui s’est très bien passée. Pour les besoins de l’émission, je devais annoncer vouloir vendre un minimum de 5% de l’entreprise. Sauf que 3 investisseurs sur les 5 présents voulaient investir 5% chacun, soit 15% de La Vie Est Belt. J’ai alors 5 minutes pour réfléchir et je me retrouve devant les caméras, dans une petite salle avec Julien Courbet qui me dit : “Alors mec, qu’est-ce que tu vas faire ?”.
Je suis décontenancé car je ne m’attendais pas à ce que les retours soient si positifs.
Assez vite me vient une idée. Je retourne sur le plateau, et je leur annonce que je ne suis pas venu sur le plateau pour leur argent mais pour leurs réseaux, leurs conseils, leur soutien. Je leur propose 3% chacun sur une valorisation plus grande, qu’ils acceptent.
Finalement, à tête reposée après le tournage, je me suis quand même remis en question sur ce que je voulais vraiment pour le projet. Je me suis dit que ça allait être beaucoup d’obligations, beaucoup de paperasse pour changer les statuts de l’entreprise, faire un pacte d’actionnaires... Beaucoup de contraintes aussi d’un point de vue de l’image de La Vie Est Belt, de ne plus être le seul maître à bord même s’ils allaient me laisser relativement libre.
Avec l’équipe, nous avons alors décidé de rester fidèles à notre envie de base, c’est-à-dire être indépendant, authentique dans notre communication, nos actions et grandir avec nos clients qui achètent nos produits au service d’une société un peu mieux.
Nous avons donc refusé la proposition des investisseurs, qui l’ont parfaitement compris. Je reste en très bons termes avec eux.
La saison 2 de l’émission “Qui Veut Être Mon Associé ?” vient d’ailleurs tout juste de sortir et passe actuellement sur M6.
Être entrepreneur, c’est connaître plein de galères. C’est quoi la plus grosse difficulté que tu as rencontrée, et comment l’as-tu dépassée ?
Il y en a eu plusieurs.
Les doutes au début de l’aventure, assez fréquents. On ne sait pas si son projet va fonctionner, c’est encore tout frais, et j’ai peu d’expérience.
D’autant plus que j’ai eu beaucoup de mal à trouver le bon processus pour couper un pneu de manière rectiligne et propre. C’était les premières galères techniques. J’ai toqué à la porte d’artisans cuir, de cordonniers... J’ai essayé de chercher qui pouvait m’aider techniquement.
Une fois ce problème technique réglé, et après avoir commencé à communiquer autour du projet, la première grosse galère est arrivée quand j’ai commencé à former des personnes en situation de handicap à la confection des produits.
Je me suis rendu compte que la production était compliquée pour quelqu’un qui n’avait jamais fait de ceinture de sa vie et qui avait un handicap physique ou mental. Il a fallu beaucoup de temps pour adapter le processus à ces personnes et qu’elles en produisent de bonne qualité.
Il s’est passé deux mois environ où j’avais des clients qui voulaient acheter des ceintures mais que nous n’en avions plus en stock, car je voulais que ça soit Christophe et Jean-Marie qui les fabriquent. On n’y arrivait pas.
Pendant ce temps, tu n’as pas d’argent qui rentre. Tu as déjà pas mal pitché le projet, qui était très beau sur le papier, mais qui pour l’instant ne marche pas et dont tu ne sais pas s’il va finir par marcher. Quand tu es tout seul à porter le projet, tu te demandes comment tu vas t’en sortir.
Je m’en suis sorti avec de la persévérance, en passant beaucoup de temps sur le terrain avec eux, à adapter les techniques. Au bout de deux mois, en septembre 2017, Christophe faisait ses premières ceintures vendables. C’était la fête. Depuis, on a formé Kamel, Adama et Gaétan de chez AlterEos. À eux 4, ils fabriquent toutes les ceintures de La Vie Est Belt.
Être entrepreneur, c’est aussi avoir plein de casquettes différentes. C’est quoi une journée type pour toi ?
Une des raisons pour lesquelles j’ai entrepris, c’est de ne pas être dans une routine, et ça m’éclate bien. Tout est différent.
Là, je rentre de Paris. Le matin, j’étais chez Fun Radio, puis en fin de matinée au Vieux Campeur avec qui on fait une collaboration. Le midi, je déjeunais avec Ticket For Change, une école nouvelle génération pour les acteurs du changement, pour prendre des nouvelles, voir ce que l’on peut faire en communication avec eux et parce que c’est devenu des copains. L’après-midi, je voyais un journaliste.
Avant-hier, j’ai fait la journée entière à l’atelier. Pas de téléphone, pas d’ordinateur parce qu’on n’avait plein de trucs à faire.
C’est varié. J’écoute mes besoins et je définis mon quotidien avec ça. J’ai toujours besoin de bouger. Je suis curieux aussi, donc j’aime bien aller voir d’autres marques, voir des journalistes, aller pitcher le projet. J’ai également besoin d’être proche de l’équipe et d’avancer avec eux. Et enfin, j’ai besoin du concret, de l’atelier, prototyper des choses, optimiser le processus de production.
J’essaie d’alterner les trois casquettes.
Un message, un mot pour les jeunes qui t’écoutent et qui se retrouvent dans la même situation que toi quand tu as démarré ton projet ?
S’il n’y a qu’un mot, c’est le mot alignement.
C’est ce qui m’a aidé à la fin de mes études. De chercher un alignement avec ce que l’on a vraiment au fond des tripes, de son cœur, sa tête, ses idées, ses mains, de ce que l’on a envie de faire au quotidien. De rester fidèle à cela, car on a vite fait de se faire influencer de manière négative par son entourage, la société, son milieu.
Nous sommes la personne la mieux placée pour savoir de ce que nous avons besoin, envie et ce qui va nous épanouir. Donc il faut rester fidèle à ce qu’on a au fond des tripes pour aller l’accomplir au mieux.
J’avais ce projet que j’avais ressenti au fond de moi, d’aligner cette envie de faire des produits avec le sens que je voulais leur donner. J’ai défini ce projet qui était le fruit d’un alignement certain chez moi.
Je suis resté fidèle à ça, je n’ai pas questionné beaucoup de monde car je savais que ça allait peut-être me mettre des bâtons dans les roues, me foutre des barrières, me mettre des peurs. J’ai tracé la route et il s’est passé des trucs incroyables que je n’aurais jamais imaginé vivre.
Je n’ai jamais regretté d’avoir suivi ça. À la fin de mes études, Décathlon m’avait proposé un CDI. C’était alléchant sur le papier. Tous les gars de ma promo me disaient de signer, mais j’ai décidé de suivre mon alignement.
Et quand on suit l’alignement, il y a un truc assez magique qui s’opère. On met toutes les chances de son côté pour rayonner, on porte son projet, on est enthousiaste, alors on rayonne, ça se ressent autour de soi et on provoque des chances que l’on n’aurait jamais imaginé provoquer. Et ça c’est ouf.
Et au quotidien, il se passe des choses de dingues. Il y a deux jours, j’étais chez Fun Radio pendant 25 minutes, avec toute la team en studio, on s’est trop marré, je parlais de mon projet à des centaines de milliers de personnes à la radio. C’est quand même énorme et c’est eux qui m’ont appelé.
Question un peu philosophique : qu’est-ce que tu as appris tout au long de ton chemin ?
Un peu tout ce que je t’ai déjà dit auparavant :
Passer à l’action pour éviter de se laisser ronger par les peurs
Le super pouvoir de l’alignement pour accomplir plein de choses que l’on aurait jamais accompli un jour. C’est ce sentiment qui m’a habité quand j’ai tourné le premier sujet avec Brut, qui est le fruit d’un alignement qui permet de rayonner et d’être épanoui.
Aussi, j’ai découvert que je prenais beaucoup de plaisir à prendre la parole en public, via les médias ou dans les entreprises et écoles pour parler d’économie sociale et solidaire. Ça me botte de fou, ça me donne plein d’énergie. Je me fais de plus en plus solliciter là-dessus, et je commence à réfléchir à d’autres projets en parallèle de La Vie Est Belt, pour être journaliste ou reporter.
J’ai appris aussi à construire une équipe, à travailler avec d’autres, à les manager même si on se manage tous dans l’équipe.
J’ai appris à coudre aussi !
Tout cela m’a permis d’affiner ce qui me mettait en joie et ce que je savais faire.
Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter pour 2022 ?
De continuer la voie, le chemin. De continuer à faire grandir les chiffres de notre impact sur l’environnement et notre environnement proche.
Sur 2022, on aimerait bien faire entre 4 et 5 tonnes de caoutchouc sur l’année, ce qui serait sport. Et 2 tonnes de coton, soit ce que l’on a fait pour le moment en 2 ans.
Une dernière question pour la route. Un livre à recommander ?
Confessions d’un entrepreneur… pas comme les autres, d’Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia. Inspirant sur la manière dont il a créé l’entreprise.
👌 La belle histoire de la semaine
Une leçon de marketing par Steve Jobs en 6 minutes
Alors que je me baladais sur Twitter, je suis tombé sur cette vidéo de Steve Jobs, sobrement intitulée “Une masterclass marketing par Steve Jobs”.
Quand je l'ai vu, elle a fait écho avec l’échange que j’ai eu avec Hubert.
Dans cette vidéo, Steve Jobs nous rappelle une vérité fondamentale à propos du marketing.
Le marketing, ce sont des valeurs
Dans ce monde bruyant où nous sommes tous sursollicités, c’est la seule chance pour les entreprises de rester dans les mémoires de leurs clients.
C’est pourquoi ces dernières doivent être très claires sur ce qu’elles veulent que l’on se souvienne d’elles.
Car les consommateurs se fichent de nos produits. Ce qu’ils veulent, c’est régler leurs problèmes. Et vite.
La clé pour les entreprises est alors de s’imposer comme la première solution qui leur vienne à l’esprit quand ils font face à un problème auquel l’entreprise peut répondre avec ses produits.
L’exemple de Nike
Pour illustrer son propos, Steve Jobs prend l’exemple de Nike.
Nike est l’une des entreprises et marques les plus puissantes du monde. Et pourtant, elle vend un produit de base, des chaussures.
Dans ses publicités, Nike ne met jamais en avant ses produits, leurs caractéristiques et leurs différences avec ceux de Reebok, Adidas etc.
Au contraire, “ils honorent les grands athlètes et les grands sportifs. C'est ce qu'ils sont, c'est ce qui les intéresse.” nous dit Steve Jobs.
Nike ne vend pas qu’une paire de chaussures. Nike vend (cher) un sentiment, une promesse à ses clients : en portant la paire de chaussures de leurs idoles, ils pourront se dépasser et réaliser des exploits sportifs qui n’auraient pas été possibles sans les chaussures Nike.
Faire appel aux hauts sentiments des êtres humains pour mieux vendre
Quand Steve Jobs revient aux commandes d’Apple en 1997 après l’avoir quitté en 1985, il souhaite revenir à l’identité et aux valeurs originelles d’Apple.
Il ne veut plus vendre d’excellents ordinateurs, ce qu’Apple s’est contenté de faire pendant son absence. Il ne veut plus vendre une commodité, cette simple boîte technologique qui aide les gens à réaliser leurs tâches du quotidien.
Comme Nike, il souhaite vendre une promesse à ses clients : la possibilité de changer le monde pour le meilleur grâce à leur passion et aux produits Apple.
Il redéfinit ainsi la typologie de ses clients. Au revoir Monsieur et Madame Toutlemonde. Et (re)bonjour aux passionnés, aux créatifs, aux geeks, aux idéalistes, aux inventeurs, aux génies, aux entrepreneurs, aux gens assez fous pour croire qu’ils peuvent changer le monde et qui le font.
C’est alors que sort la fameuse campagne publicitaire et de son slogan resté célèbre, Think Different.
Encore une fois, comme avec le fameux spot publicitaire 1984 dont nous avons déjà discuté dans l’édition 22 avec Benoît Pellevoizin, aucun produit Apple n’est montré à l’écran.
Il n’est question que des personnalités iconiques du passé et contemporaines qui se sont rebellées contre l’ordre établi et ont bousculé les conventions.
L’objectif d’Apple est limpide : nous faire choisir entre le camp des rebelles créatifs, incarné par eux-mêmes, et celui des sages et disciplinés travailleurs, incarné par Microsoft.
Apple fait appel à la haute image qu’ont les gens d’eux-mêmes pour influer leur décision d’achat et la satisfaction qu’ils en retirent, quand bien même le produit Apple ne conviendrait pas à leurs besoins.
C’est la puissance des valeurs.
C’est la puissance d’une marque forte.
C’est la puissance du marketing.
Application concrète avec La Vie Est Belt
Et c’est exactement ce que fait Hubert avec La Vie Est Belt.
Lorsque nous achetons un accessoire La Vie Est Belt, nous achetons un produit qui nous plaît et qui nous est utile.
Mais pas seulement.
Nous achetons aussi le sentiment d’être une bonne personne. Un(e) citoyen(ne) engagé(e), qui prend soin de la planète et de ses habitants en favorisant la seconde vie de produits usagés difficilement recylables et l’emploi de personnes en difficulté près de chez soi.
En étant un poil cynique, on pourrait dire que l’on achète “notre bonne conscience”.
Hubert a construit la stratégie marketing de la Vie Est Belt autour de sa marque, portée par des valeurs fortes et engagées. Son défi est alors de la faire rayonner du mieux possible en communiquant auprès du grand public et des médias, ce que fait très bien Hubert.
Hâte de voir la suite de ce projet!
🏄 Alors, c’est bon ça ou c’est pas bon ça ?
Voilà, c’est la fin de cette 24ème édition.
N’hésite pas à répondre à cet e-mail si tu as la moindre remarque à me partager, je les reçois bien et te répondrai dans la foulée.
Si tu aimes cette édition, et qu’elle peut plaire à une personne de ton entourage qui aime le marketing, l’entrepreneuriat, l’ESS ou tout ça à la fois, n’hésite pas à lui partager.
Si tu veux (re)lire les 3 éditions précédentes, tout est là :
Au plaisir de te lire 🤙
C’est bon ça !
Jean
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